Il était une fois un petit louveteau toujours de rouge vêtu qui devait apporter un lapin à sa grand-mère. Une seule recommandation lui fut faite par sa mère: éviter de s'aventurer près de la demeure du chasseur et de sa fille. Mais en chemin le louveteau s'éloigna du sentier et se perdit dans la forêt. Il rencontra une charmant fillette qui lui proposa son aide. Mais les apparences sont parfois trompeuses et la fillette était loin de n'être que pureté et innocence...
Une réécriture libre et ambitieuse du conte de Perrault. Les rôles sont d'une part inversés et plus ambiguës mais l’histoire est également fort différente. L'intérêt majeur tient à l'ambiance si particulière qui se dégage de chaque page. Ambiance graphique tout d'abord, avec des illustrations d'une richesse incroyable, d'une texture et d'un grain vraiment particuliers. Le jeu sur la lumière et les couleurs renforcent les aspects angoissants de certaines scènes et éclairent les passages plus légers. Ambiance propre au récit ensuite, où l'intensité dramatique va crescendo, distillant le zeste de frisson nécessaire pour tenir le lecteur en haleine jusqu'au soulagement final.
J'ai aimé également l'intelligence du propos, le fait que le monde décrit ne soit pas tout noir ou tout blanc, qu’il se décline en de nombreuses nuances de gris. Et puis l'air de rien, il est toujours bon de rappeler qu'il ne faut pas donner une confiance aveugle au premier inconnu qui croise notre chemin.
Un superbe objet-livre, des dessins somptueux, une écriture élégante au ton délicieusement poétique, bref, une pépite à déguster et à partager sans retenue.
Le Petit Loup Rouge d'Amélie Fléchais. Ankama, 2014. 80 pages. 15,90 euros.
L'avis de Moka, tentatrice dont j'ai bien fait, une fois de plus, de suivre les conseils éclairés.