Quatrième de couverture : Vindo Rodriguez est un lascar de Montreuil. Fort tempérament niais glandeur, il préfère les magouilles à un boulot réglo. Un matin, en sortant de boîte, il s’attarde dans une brasserie, la tronche saturée de beat et d’alcool, quand soudain son instinct de dragueur se réveille. A quelques tables de lui, une femme l’observe: blonde, la quarantaine, belle gueule, belle silhouette. Toujours à l’affût d’un bon plan, Vindo s’invite à sa table, mais déchante aussitôt.
Carole n’en a pas après ses yeux bleus ni sa vigueur de jeune mâle. Non, elle est mariée à un célèbre chirurgien et doute de sa fidélité. Elle lui propose de le filer durant quelques jours en échange d’un bon paquet d’oseille… Vindo accepte. Ses intentions sont simples: rapporter (les nouvelles rassurantes à la bourgeoise, et tout plein de biftons pour sa pomme. Du tout-cuit. Manque de chance, une corvée lui tombe sur le râble le jour-même : s’occuper de son fière Gustavo, gamin méchant comme la gale qui ne jure que par ses jeux vidéo.
Bacalhau, c’est l’histoire d’un jeune lascar de Montreuil qui se retrouve entraîné dans une embrouille de la taille de sa fainéantise : c’est-à-dire, considérable. L’histoire pourrait se résumer ainsi : l’histoire d’un type normal qui se retrouve catapulté dans une montagne d’embrouilles. Apprenti gangster. Pied nickelé à deux balles qui doit jongler entre une mission en apparence facile, un frère totalement dérangé et sociopathe et … son pote à la gueule de travers mais au grand cœur.
En lisant ce roman,
nous pouvons rapidement remarquer l’aisance que possède l’auteur pour planter un décor, pour dessiner des personnages hauts en couleur, pour faire vivre ces êtres de mots. L’écriture scénaristique, sûrement. L’objectif est clairement atteint quand Larbi Naceri injecte des rebondissements avec soin. Jamais trop, jamais pas assez. Il semble maîtriser sa balance et le roman n’en est que plus alléchant. Parfaite comédie policière, nous suivons les aventures de notre héros du jour avec parfois la volonté de taper notre visage avec le plat de notre main … oui, il donne cette envie-là Vindo.J’applaudis également la manière dont Larbi Naceri décrit la vie des HLM. Nous ne tombons pas dans les clichés du genre. Nous en restons dans le réalisme sobre, tristement sobre et humain. Un pauv’ type continue de crécher chez ses parents. Il a des potes dans la cité. Il avait une gonzesse. Il enchaîne les petits coups pas bien méchants pour gagner un peu de thune. J’ai lu quelque part que certains regrettaient l’absence de poing levé sous la plume de Larbi Naceri. Le poing levé, la vérité criante … hum … je trouve que l’auteur n’a pas le but de poser le regard de son lecteur sur la vie en cité. Là n’est pas le propos. Naceri nous parle uniquement de gens qui vivent dans cet endroit. Rien de plus. Je trouve que cela suffit amplement pour nous faire cogiter, nous faire opiner du chef lorsqu’il est question de la recherche d’emploi et de la peur de ce qui nous ressemble pas. Pas besoin d’en pondre cent pages pour que l’on comprenne.
Avec Bacalhau, nous passons un excellent moment. Drôle. Rafraîchissant. Réaliste. La plume argotique de Naceri n’en est pas pour autant vulgaire. Le narrateur pense et ne se contente pas de parler en verlan. Hourra ! Pour moi, ce roman est un coup de cœur. Pas habituée des romans du genre, j’en ai grandement apprécié la lecture. J’avais le sentiment d’être dans La Haine ou quelques films de Guy Richie avec ces gangsters plus qu’apprentis.
Alors … maintenant … il est temps d’aller vous procurer Bacalhau aux éditions Don Quichotte. Bonne lecture !