En fait, Tiken Jah Fakoly un des rares musicien africain titulaire d’une Victoire de la Musique (en 2003, pour l’album Françafrique), continue plus que jamais à distiller son bon reggae aux saveurs d'Afrique, avec en filigrane un engagement politique et militant pleinement assumé et revendiqué. J'avais particulièrement apprécié son album L'africain il y a quelques années qui mélangeait avec grande habileté propos militant et sens mélodique évident. Tiken Jah Fakoly n’a pas perdu de son intégrité et plus que jamais, son message reste important, et il le prouve avec dernier appel son tout dernier album. Enregistré entre Bamako et Paris, Dernier Appel est un nouvel assaut de chansons qui révèlent un artiste dont le niveau de conscience a mûri dans la fidélité à ses idéaux de jeunesse et s’est solidifié au contact des épreuves qu’il a personnellement traversé... L'aritste, comme il a l'habitude de faire, en appelle à la prise de conscience de la jeunesse africaine, à la responsabilisation de ses élites, et met en garde face à la perte des valeurs, ainsi qu'à la trop grande présence de cet argent qui abime tout. Si le reggae est fortement présent dans ce dernier rappel, on sent quand meme pas d'influences diverses, du blues , un peu de rock et même des rythmes d'amérique du Sud de ci et de là. Toujours accompagné par son groupe, les indestructibles Djelys, et assorti de quelques duos prestigieux (Alpha Blondy, Nneka, Patrice), "Dernier Appel" est surtout une énième piqûre pour nous rappeler qui est encore -qu’on l’appelle patron, gouverneur, vizir ou roi, peu importe- le chef de fil du reggae roots aujourd’hui., comme l'illustre ce single qui donne son nom à l'album.
Avec Dernier Appel, son nouvel album, Tiken livre sans doute toujours la même bataille , celle en faveur d’un continent, l’Afrique, dont il harangue sans relâche les peuples afin qu’ils lâchent les armes et s’unissent, mais assurément , il le fait comme le vrai maestro de la musique africaine qu'il est.