N’en parlons plus
laissons ce monde mort écouler ses ruisseaux
De sang jusqu’à la mer
Laissons la nuit monter et pénétrer le ciel
De fulgurante nuit
Monde obscur et maudit dont le poids me soulève
Je vous charge des peurs, je vous charge des maux
Et du feu qui me ronge
Et je reste un vaincu au bord de ce présent
Fatal et dépouillé de gloire et de révolte.
Je meurs lentement de vivre entre moi-même
Et la malédiction de ces jours inutiles.
***
Jacques Prével (1915-1951) – Poèmes mortels (1945)