CANCER du SEIN: Découverte d'une protéine clé qui accélère sa propagation – The Journal of the National Cancer Institute

Publié le 10 juillet 2014 par Santelog @santelog

Cette étude de la Queen Mary University of London qui porte sur le cancer du sein HER2-positif, soit un tiers des cancers du sein, identifie une protéine, intégrine avß6, qui joue le rôle de déclencheur de propagation. Cette découverte, étayée dans le Journal of the National Cancer Institute représente une véritable percée scientifique qui pourrait conduire à un nouveau traitement pour cette forme parmi les plus agressives de cancer du sein.

Les cancers du sein HER2-positifs représentent environ un tiers des cancers du sein. Leur croissance tumorale est conduite par le récepteur 2 au facteur de croissance épidermique humain (HER2). Ce sont des cancers particulièrement agressifs en raison de l’action d’HER2 qui déclenche des voies de développement des cellules cancéreuses. Les cellules cancéreuses sont plus susceptibles de se propager dans les ganglions lymphatiques ou à d’autres organes majeurs du corps. Le principe d’action du traitement standard actuel, Herceptin (trastuzumab) est de se lier à des récepteurs de HER2 pour bloquer les effets de la protéine HER2. Cependant, 70% des patientes atteintes vont développer une résistance à Herceptin. La découverte de cette autre protéine «  déclencheur  » intégrine avß6 apporte une nouvelle cible thérapeutique précieuse, en particulier pour ces patientes.

Cette étude de laboratoire est partie d’échantillons de tissu de cancer du sein recueillis à partir de 2 cohortes de femmes atteintes, la cohorte de Nottingham comprenant 1.795 femmes et la cohorte de Londres comprenant 1.197 femmes traitées pour un cancer du sein. Les chercheurs disposaient des informations complètes sur les types de tumeurs des patientes, dont le caractère HER2 positif.

Les chercheurs ont examiné l’expression d’une protéine appelée intégrine avß6, déjà suspectée d’interagir avec HER2 pour stimuler la croissance du cancer. En effet, intégrine avß6 a déjà été identifiée comme un activateur de la TGFß, une molécule déjà documentée comme induisant une augmentation de la migration et de la propagation des cellules cancéreuses du sein.

L’étude constate que les patientes qui présentent la plus forte expression de l’intégrine avß6 dans leurs tissus tumoraux sont aussi celles dont le taux de survie à 5 ans est le plus faible, et en particulier lorsqu’elles sont atteintes d’un cancer HER2 positif. Précisément,

·   une expression élevée de l’intégrine avß6 est constatée dans 16% des échantillons de tissu du cancer du sein,

·   une association significative est constatée entre l’expression de l’intégrine avß6 et la survie : Ainsi,

·   chez les participantes présentant une forte expression de l’intégrine avß6, la survie à 5 ans est réduite de 10 à 16% selon les cohortes, suggérant qu’une expression élevée de l’intégrine avß6 est associée à un risque de décès double à 5 ans.

·   Même après ajustement avec d’autres facteurs influant sur la survie, comme le stade de la tumeur, sa taille et son aspect, l’intégrine avß6 reste un facteur prédictif indépendant de survie.

·   Sur l’une des 2 cohortes, la propagation ou le caractère métastatique est dépendant du niveau d’intégrine avß6,

·   enfin, la co-expression d’intégrine avß6 et de HER2 est particulièrement fortement associée à un pronostic particulièrement défavorable.

Un nouveau traitement ? Car les chercheurs ne s’arrêtent pas là. Ils montrent également sur la souris modèle (greffée) de cancer du sein, qu’un nouveau traitement potentiel appelé «  264RAD  » permet de bloquer l’action de l’intégrine avß6. Ainsi, donné en combinaison avec Herceptin, 264RAD permet de stopper la croissance du cancer, y compris dans des tissus de cancer du sein résistants à l’Herceptin.

C’est la démonstration qu’une surexpression de l’intégrine avß6 dans le cancer du sein, et en particulier HER2 positif, est un facteur de mauvais pronostic, associé au développement de métastases et à un pronostic moins favorable. La prochaine étape sera donc des essais cliniques de 264RAD chez des patientes atteintes de cancer du sein.

Source: Journal of the National Cancer Institute June 30 2014 doi: 10.1093/jnci/dju169Therapeutic Targeting of Integrin αvβ6 in Breast Cancer

Pour en savoir plussur le Cancer du sein, HER2