Ranger le dernier best-seller à la mode amène souvent à redécouvrir des chefs d’oeuvre cachés bien au chaud dans sa bibliothèque.
De quoi ça parle? C’est l’histoire d’Anna, professeur de musique en banlieue de Lyon dont la douceur et la discrétion en séduisent plus d’un. Et quand sa vie croise celle d’Aurèle, adolescente un brin paumée et rebelle, Jérôme, son frère l’« idiot du village » et Pasquale Villano, traduction italien, exilé en France pour choix politique, les esprits s’échauffent, trop, jusqu’à l’incendie?
Qu’est ce qu’on en pense? Le joli et poétique titre de Stéphanie Hochet « La distribution des lumières » donne une première fausse impression. L’impression de se plonger dans un ouvrage délicat, calme et contemplatif. Or dès les premières pages, il faut se faire une raison: ce sera violent et dérangeant. Pas une violence facile physique et vaine, mais une plus vicieuse et fascinante , morale. Dans ces chapitres au plus près des vies de l’adolescente perturbée Aurèle, de son frère fou et de l’amoureux de l’héroïne tellement romanesque, un sentiment de malaise envahit peu à peu de façon très naturelle. Le sujet est nauséabond? Pas du tout, la façon d’écrire est une des plus habiles du moment. Car l’auteure montre en filigrane que derrière des problèmes de l’adolescence, de l’idéalisme, une parade funèbre peut facilement poindre.
En un mot : quand on est perdu, il est facile d’être obsédée par un objet du désir, beau, touchant mais aussi destructeur.
Bref, la meilleure illustration de « La Fascination du pire » pour les sentiments.
Epoustouflant, magistral, captivant.
Crédit photo : Thierry Rateau