Les revenants - 4/10

Un film de Robin Campillo (2004 - France) avec Géraldine Pailhas, Jonathan Zaccaï, Frédéric Pierrot, Catherine Samie

Bon début mais suite brouillonne...

L'histoire : Des milliers de personnes décédées reviennent à la vie et errent, quelque peu hagardes, sur les chemins et dans les rues. En parfaite santé, ayant gardé leur apparence d'autrefois, elles se souviennent de leur vie d'avant, mais ne savent pas qu'elles ont été un temps "mortes". On les regroupe dans des centres, on les identifie, les parents viennent chercher qui une épouse, qui un enfant, qui une grand-maman... et la vie doit reprendre comme si de rien n'était. En les réinsérant dans leur travail notamment. Mais ce n'est pas si simple et ces personnes affichent un comportement énigmatique : lentes, peu bavardes, il semble en outre qu'ils se réunissent régulièrement entre eux la nuit...

Mon avis : Ce film a inspiré une série à succès sur Canal+, que je n'ai pas vue, mais les bandes-annonces alléchantes s'enchaînaient et j'en avais gardé un souvenir frustré ; nous n'avions ni la chaîne ni le temps de regarder ! Trop boulimiques de films, comme vous le savez.

En voyant ce titre sur le programme télé, j'y ai regardé à deux fois, voire trois fois. Un film ? Ils avaient fait un film avec la série ? Et je n'étais pas au courant ? Nom d'un petit bonhomme ! En voyant la date, j'ai été encore plus surprise. Renseignements pris ce matin, tout s'éclaire. C'est le film qui a inspiré la série. Fallait oser, puisque l'oeuvre a fait un gros flop au box office...

N'ayant vu ni l'un ni l'autre, ni lu aucune critique, j'étais ravie à l'idée de voir un fantastique français. Bouh... encore une grosse déception.

La première partie est vraiment sympa : idée originale (pour une fois qu'on n'a pas des zombies tout dégueu et qu'on tente de les réinsérer au lieu de leur vider des chargeurs entiers dans la tronche), un malaise, une inquiétude, du suspense : mais d'où viennent-ils, que veulent-ils, que préparent-ils, et une fascination : comment réagirions-nous au retour de nos proches, disparus ?

Mais l'excitation de la bonne surprise retombe assez vite : Incohérences, invraisemblances, ellipses, et absence totale d'explications. Exemples en vrac : ce toubib qui joue les voyeurs, histoire de suivre et d'essayer de comprendre ses "patients", bizarre ; on nous explique que les revenants doivent récupérer le poste qu'ils occupaient dans les entreprises et qu'il faut licencier leurs remplaçants, or ce "bouleversement" est juste évoqué, sans aucun développement, on imagine pourtant le tollé social que cela provoquerait ; le phénomène est apparemment mondial, et cette autre facette du scénario passe également à la trappe, alors que cela supposerait des échanges entre les états, des conférences mondiales, une interrogation sur la société, etc etc etc... et pas seulement les allées et venues de ce petit toubib qui surveille ses ouailles. 

Attention spoiler. On arrive donc au générique de fin, sans avoir rien compris ! (en tous cas moi). Ni d'où ils venaient, ni pourquoi ils se rassemblent entre eux, ni ce qu'ils mijogent, ni pourquoi soudain ils "disparaissent"... Fin du spoiler.

Quel dommage, vraiment.

La plupart des critiques presse sont dithyrambiques ! Incroyable. L'originalité du sujet, totalement nouvelle, avec des zombies propres sur eux les a semble-t-il complètement sidérés. La plupart se contentent de ça... Ah bon. Moi, la cartésienne, il m'en faut plus. Il paraît que c'est un film sur le deuil. Si naturellement la question est évoquée au début (retrouver une personne chère, après avoir cru à sa disparition totale), elle est finalement très très peu développée. Les revenants ne sont pas vraiment comme avant, ils restent donc à la fois des amours d'autrefois et des êtres inconnus, un peu à l'ouest, donc inquiétants. Cette ambivalence est montrée, mais ça n'a pas vraiment de rapport avec le deuil proprement dit... puisqu'on est dans "l'après-deuil".

Quelques rares journaleux expriment la même déception que moi : Les Inrocks : "La force singulière des Revenants tient avant tout au choix du réalisateur de conférer à la mise en scène même ce caractère de neutralité (...). Progressivement, la rigueur presque documentaire de Campillo s'estompe pour se perdre dans des intrigues confuses (...). S'échappe alors ce qui faisait l'intérêt du film : la confrontation avec l'impensable." - Télérama : "A la fois choral et un rien inhabité, plein de trouvailles et légèrement atone, le film fait songer au premier épisode d'un feuilleton expérimental (...ils ne croyaient pas si bien dire !). Plusieurs hypothèses prometteuses sont développées. (...) Dommage qu'aucune de ces directions, également intéressantes, ne s'impose, Campillo préférant faire marche arrière plutôt que de choisir."

Les spectateurs sont beaucoup plus durs et n'ont pour la plupart rien capté non plus ! Ouf.