L’été est là. C’est ce qu’on nous serine de partout. Les radios ont revêtu leurs grilles estivales, toutes en manches courtes cousues d’intentions décalées. De toutes les fréquences perle un déjà-vu, suintent des redites, fleurissent les marronniers de l’été d’avant. La ville respire la marchandise. Soldes, promos, rabais, avantages, prix cassés : l’attirail est l’atout du bonheur. Acheter. Ajouter au panier.
Au guichet, l’employé prend la pose. Ni joyeux ni aimable, il a tiré la fiche « aujourd’hui, je suis désagréable ». Il a répété le rôle. La composition fonctionne. Sa collègue s’est prise de passion pour la tendance adolescente boudeuse. Pas de compromis langagier, le silence pélagique est troublé par le tapotement apaisant des sourcils synthétiques. Made in China. Celui-là a pris le costume de l’ennui. Un jour, il est désespéré de savoir que celui qu’il aime plus que tout pour avoir été président de la République est maintenant connu pour être chargé d’affaires. Le lendemain, il n’en dira pas plus. Son comparse est désolé d’apprendre que ce coursier agile fréquente davantage le bureau des juges que les bons auteurs. On ne compte plus ceux qui se promènent la tête en l’air et qui n’ont l’air de rien. Au travail, ils ont pris l’air du bureau. Les traits sont tirés et les visages sont fermés. Demain, on branche la clim ! Rien que ça.
La torpeur triste pèse sur les têtes. Les occasions de se réjouir deviennent rares. On espère que quelque chose fera changer le cours des choses. On peut toutefois rire sans trop le montrer. Les questions d’argent de la famille UMP donnent le change. Toute la tribu va devoir aller jouer au bandit-manchot pour renflouer les caisses. Manches retroussées et selfies d’ambiance. Le gouvernement, de son côté, n’est pas au mieux de sa forme. Il ne tire pas profit de la reprise des affaires. La langue est bien de bois encore plus exotique qu’auparavant mais le vernis est craquelé. Il attendait un sursaut des footballeurs qui n’ont réussi qu’à se mettre dans une mauvaise passe. Leur élimination a été reçue toutefois comme un motif de contentement. Le retour fut mis en scène comme si de rien n’était. Effectivement, ce n’était rien. La France s’ennuie. Ce n’est pas rien. Tout le monde attend quelque chose de quelqu’un. Rien de plus. Voilà l’été. Rien à cirer ? On en reparle à la rentrée. On aura bien trois petits riens à se mettre sous la dent.