Cette infection du sang généralisée reste l’une des principales causes de mortalité maternelle, rappelle cette étude, certes britannique mais qui appelle à plus de surveillance péri-partum. Ses conclusions, présentées dans la revue PLoS Medicine, révèlent que plus de 40% des femmes ayant une septicémie sévère présentaient déjà une maladie fébrile ou prenaient des antibiotiques avant l’accouchement.
Première cause de mortalité maternelle au Royaume-Uni, en France, la septicémie représente entre 2,3 et 4,8% des décès maternels, selon les régions (Source : Rapport du Comité national d’experts sur la mortalité maternelle 2001-2006). Cette étude de rappelle l’importance, pour les professionnels de la périnatalité de savoir reconnaître les symptômes et les signes de septicémie maternelle, comme une tachycardie et des douleurs abdominales, en raison de la rapidité de développement des sepsis sévères et du choc septique. En entrainant une chute rapide de la pression artérielle (choc septique), la septicémie conduire à une défaillance systémique et être mortelle. Au-delà, dans le monde, rappellent les chercheurs de l’Université d’Oxford, du Northwick Park Hospital et autres centres de recherche britanniques, une personne meurt des suites des complications du sepsis toutes les 3-4 secondes. Et, dans les pays riches, la septicémie entraine autant de décès que l’infarctus du myocarde.
L’objectif de cette étude était d’identifier les facteurs de risque, les sources d’infection et le type de pathogènes responsables, afin d’améliorer stratégies de prévention et de gestion. L’étude qui a porté sur tous les cas de septicémie sévère traités dans 214 maternités britanniques de Juin 2011 à mai 2012 a comparé les caractéristiques sociodémographiques, les antécédents médicaux et les conditions de l’accouchement des cas de septicémie et de cas témoins, chaque cas étant apparié à 2 témoins. L’analyse apporte un certain nombre d’informations précieuses pour la détection et la prise en charge du sepsis :
· 0,05% des maternités ont été concernées par des septicémies ayant abouti sur la période à 5 décès (soit, précisément, 365 cas confirmés sur 780.537 grossesses),
· 20% des femmes concernées ont développé un choc septique
· les voies urinaires et génitales sont les principales sources d’infection :
- la source est identifiée dans 70% des cas,
- les infections des voies génitales sont à l’origine de 20,2% des cas au cours de la grossesse et 37,2% des cas après l’accouchement,
- les infections des voies urinaires sont à l’origine de 33,6% des cas pendant la grossesse et 11,7% des cas après l’accouchement,
- les infections des plaies sont à l’origine de 14,3% des cas après l’accouchement,
- les infections des voies respiratoires sont à l’origine de 9% des cas pendant la grossesse et 3,5% des cas après l’accouchement.
· l’aggravation se développe en l’espace de 24 heures, du premier signe à la réponse inflammatoire systémique et au diagnostic de septicémie sévère.
· E. coli était l’organisme le plus fréquent à l’origine de 21,1% des infections,
- les streptocoques du groupe A : 8,8% des infections et, dans ce cas l’aggravation survient en général en moins d 9 heures et dans 50% des cas mène au choc septique.
· Plus de 40% des femmes avec sepsis sévère avaient déjà une maladie avec fièvre, ou avaient pris des antibiotiques dans les deux semaines précédant l’accouchement.
Cette étude souligne ainsi l’importance d’identifier les infections chez les femmes enceintes et les femmes qui ont récemment accouché, en particulier dans les tout premiers jours qui suivent l’accouchement. Une température élevée et un traitement par antibiotiques implique une surveillance rapprochée. Car un traitement par antibiotiques ne prévient pas la progression vers une septicémie sévère.
Source:PLOS Medicine July 8 2014 DOI: 10.1371/journal.pmed.1001672Severe Maternal Sepsis in the UK, 2011–2012: A National Case-Control Study
Rapport du Comité national d’experts sur la mortalité maternelle (CNEMM-2001-2006).