Décidemment, après Ayrton Senna, on est en droit de se demander ce qui pousse tout un collectif sportif à aller dans le mur de la sorte alors que tout semblait leur sourire depuis le début de leur mondial sur mesure: l’arbitrage, la chance, Jésus, la chaleur, et même une société en sourdine devant son écran et son bol de haricots noirs. « – C’est une tragédie ! » hurlaient quelques fans lucides pendant que l’aviation israélienne pilonnait la bande de Gaza de quelques missiles efficaces. Mais pas aussi dévastateurs que ceux de Muller, Schürrle ou Kroos, qui à l’instar du promeneur noctambule perdu dans le bois de Boulogne, aiment à perforer l’arrière-garde brésilienne imprudente. Qui se fissure donc au même moment que la vertèbre de Neymar, ce génie trop tôt porté au pinacle et dont les frêles épaules n’auront pas suffi à supporter la pression d’un pays socialement asphyxié ou à cacher la misère d’un collectif qui s’en remet à Fred pour marquer des buts ! Un Fred qui aura été, avec le recul nécessaire, moins ridicule avec sa moustache qu’avec ses jambes en bois. Mais qui aura donné, dans un coupe du monde capillairement très relevée, beaucoup de travail aux garçons coiffeurs de la planète bon goût, avant les vacances au Lavandou. Les milliards engloutis pour maintenir en vie cette grande colonie portugaise n’auront donc pas travesti longtemps la réalité, virant à la saudade plutôt qu’à la samba…Et il faudra sûrement plus qu’une petite intervention chirurgicale pour aider un pays tout entier à se reconstruire une virilité et un visage avant les Jeux Olympiques de 2016, où la valeureuse nation de Cristina Cordula pourra enfin briller au beach-volley féminin.
En comparaison, l’implosion de l’UMP paraîtrait presque anecdotique si elle n’occupait pas tout l’espace médiatique local, entre deux inondations et une noyade dans les Landes, le service minimum d’un été plus que décevant jusqu’alors. La mise en examen attendue de Nicolas Sarkozy aura eu au moins le mérite de réveiller pour de bon les gentilles rancœurs enfouies sous les oreillers immaculés de nos escrocs préférés, qui n’ont rien à se reprocher, ni les uns, ni les autres, préférant voir dans la justice de leur pays un ennemi notable et manipulé par une gauche qui a déjà du mal à faire du vélo sans roulettes. Espérons juste que les pauvres victimes innocentes qui donnèrent récemment au pot pour renflouer les caisses du parti, comme on donne au premier Témoin de Jéhovah venu, aient assez d’humour et de vaseline pour continuer leur croisade aux côtés de cette bande de joyeux lurons qui ferait presque passer le FN pour un club de tricot. Tout excité, le jeune Louis Sarkozy s’est lui aussi lancé dans la bagarre médiatique, rivalisant d’humour et d’à-propos pour défendre son papa gangster ou railler la défaite brésilienne sur Twitter d’un fort drôle « The Brazilian Genocide » ! L’adversaire étant l’Allemagne, il y a fort à parier que ce trait d’esprit aura bien fait marrer les Le Pen, si choqués du sort de l’ancien président bling-bling. Quant à Louis, 17 ans, s’il manie si bien l’anglais, il faudra par contre essayer d’être plus doué en français, au vu des fautes d’orthographe, s’il veut se lancer plus tard dans ce grand cirque politique plutôt que de produire des disques de rap comme son autre loser de frère ! La relève de Nadine Morano est en tous cas bien là et c’est plutôt rassurant.
En attendant les premiers incendies et autres typhons sur Fukushima, espérons juste que le chikungunya et le virus Ebola ne touchent que les festivals d’été où se produisent Zaz et Shaka Ponk, histoire de laisser du temps aux intermittents pour débrayer, et les propriétaires de résidences secondaires dans le Luberon tranquilles. Mes vaccins ne sont pas à jour et j’ai horreur des filles qui sentent la citronnelle pendant les partouzes. Et si ce n’est pas du sang impur qui abreuve leurs sillons, ce 14 juillet à venir tombe à point nommé pour nous rappeler la grandeur de ce pays, le souvenir et la beauté d’un conflit mondial bien maitrisé et la belle aventure de nos bleus au dernier mondial, malgré un énième revers contre des allemands revanchards. Des allemands que l’on aurait aimés supporter si les américains crâneurs ne les avaient pas déloger précipitamment de nos Alpes et de nos grands-mères, obligeant nos fils et nos compagnes à encourager alors des générations de Ginola, Cantona ou Benzema à la blondeur douteuse. On ne refait malheureusement pas l’histoire, et cette équipe, y compris Mathieu Valbuena, en ressortira grandie, quoi que l’on pense. Le président Hollande pourra alors verser sa larmichette en regardant défiler ces petits soldats, ces jolis chevaux, ces gros navions, (à quand une frégate sur les Champs-Elysées ?), ces quelques millions en uniformes que d’aucuns jugeraient plus utiles dans l’éducation ou la culture, et se rassurer en se disant que les marchands d’armes on fait une grosse année 2013 et prévoient même des bénéfices records en 2014 ! Bleu, blanc, rouge : enfin un domaine compétitif ! On applaudit des deux mains, contrairement aux petits enfants mutilés de Syrie, Lybie, Irak, Kenya, Palestine, Ukraine, Somalie ou Centrafrique, ces nations absentes du Brésil et des journaux télévisés de TF1. Entre les résumés des buts, les jérémiades de Sarkozy et la météo des plages, le journaliste intègre doit faire des choix cruciaux. Le vacancier en tongs a autre chose à penser à l’heure de l’apéro.
Classé dans:Nos amis les hommes