Zombie zombie – Loubia Hamra

Publié le 09 juillet 2014 par Sywebzine @Saturdays_Youth

Versatile records est un tiroir à friandises. Le nouvel LP de Zombie Zombie, sorti déjà depuis trois, quatre mois, n’échappe pas à la règle. Etienne Jaumet et Cosmic Neman proposent une forme nouvelle : La bande originale. A travers ce champs d’expérimentation sans fond, cet exercice de style qui colle particulièrement bien aux intentions du groupe, Zombie Zombie construit des images de vie. Tantôt opaques, tantôt transparentes, elles suivent un parcours logique tout en mimant une improvisation virtuose.

Sans se le cacher, l’âme de John Carpenter plane encore sur les productions (L’esprit du cimetière, thème principal de l’album), décrivant un cercle glaçant dans l’atmosphère embuée. Le brouillard, les hululements, le carillon et l’orgue – car oui en effet les textures sont déjà marquées d’un caractère horrifique – ne se dissipent qu’au contact d’autres sonorités tout aussi organiques. Cependant moins labellisée Halloween, moins oppressive que celle basée sur une redondance des accords synthétisées, la transe qui mélangeait savamment une ambiance Stephen King à la dextérité d’un Felix Kubin est ici davantage Lovecraftienne. Un cauchemar qui se dessine au fil des morceaux et s’estompe parfois au profit d’un ancrage exotique franc, toujours onirique. Poser des rêves sur une minimale acérée. On ne sait plus si ce à quoi on se confronte est de nature plus objective ou subjective que les antécédents des deux génies, mais là n’est pas la question.

Le point d’honneur est mis sur la faculté à passer d’un univers à un autre, d’une imagination qui attise à une impertinence qui effraye. La transcendance des genres comme métaphore de névroses ou fantasmes est pertinente parce qu’elle est construite, et bien construite. Le montage n’est pas arbitraire et n’impose pas une sémiologie trop propre, susceptible de rendre le tout aride, inapte à développer l’émotion singulière de l’auditeur libre. Et comme accent pour cette liberté de la réception comme du ton général, le Moyen-Orient. Le mariage entre les pôles est plus que jamais réussi, ressenti, car sauvage, haletant et sans contraintes apparentes, fort d’une identité-mouvement. Les sifflements et rythmes évolutifs rappellent les premières années d’un Fatboy Slim dopé aux musiques africaines, presque chamaniques (La danse des ombres). L’ombre des Pink Floyd survole le générique du film, ici l’usage de bruits synthétisés fait cependant s’envelopper le pesant « Atom heart mother », d’une douceur familière.

Le cinéma aura sans doute aidé les deux musiciens à se poétiser si bien que de leurs productions émane, accolée au suspens Moriconnien, une fragilité devenue charismatique. La cohérence est là, entre l’ingénuité de l’enfant et la férocité du monde, Loubia hamra est l’histoire d’une vie pressée sur onze morceaux curieux, inquiétants mais toujours fascinants.

Zombie Zombie se produira en ciné-concert à l’occasion du festival Scopitone à Nantes du 15 au 21 septembre 2014.

Et en attendant