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A Hard Day’s Night a 50 ans : la petite histoire du film sur les Beatles qui a beaucoup moins pris de rides qu’eux

Publié le 09 juillet 2014 par John Lenmac @yellowsubnet
A Hard Day’s Night a 50 ans : la petite histoire du film sur les Beatles qui a beaucoup moins pris de rides qu’eux

 Le 6 juillet 2014, A Hard Day's Night, le célèbre film-documentaire sur les Beatles souvent appelé Quatre Gars dans le Vent, sortait dans les salles britanniques. 50 ans plus tard, le film n'a pas vieilli et fait toujours autant parler de lui au sein des jeunes générations - et des plus vieilles naturellement. Comment expliquer le succès toujours actuel de ce film-documentaire ? Comment expliquer qu'un film vieux d'une cinquantaine d'années nous parle toujours autant ?

Christian Le Bart : Si ce film parle toujours autant aujourd'hui, c'est tout d'abord parce qu'il s'agit d'un film sur les Beatles, avec les Beatles, à l'époque de la Beatlemania, soit ce moment magique où le groupe a connu le summum de son succès.

De plus, il incarne toutes les valeurs de l'époque, à savoir la jeunesse, la liberté, l'enthousiasme, l'insolence. Et c'est probablement pour cette raison que le film plait encore aux nouvelles générations. Il y a quelque chose d'universel dans l'émancipation juvénile que le film raconte. On y retrouve les thèmes de la camaraderie, de l'amitié, d'une certaine solitude adolescente, de la séparation avec ses parents, et aussi du décalage entre le monde social et les conventions. Il s'agit d'un véritable film générationnel car les Beatles sont des jeunes qui ne cessent de "s'accrocher" avec des vieux, des jeunes qui restent libres et joyeux, mais qui vivent des moments de mélancolie, comme lors de disputes au sein du groupe. De plus, le film retrace tout de même l'histoire de stars, il s'agit d'une célébration de leur vie, mais on y voit aussi l'envers du décor : les Beatles sont une bande de copains et sont comme tout le monde.

D'un point de vue cinématographique, ce film a beaucoup étonné. Il s'agit d'un film en noir et blanc fait avec des bouts de ficelle en un temps record. De plus, les acteurs, étant les stars elles-mêmes, n’étaient pas du tout professionnels ! Concernant le réalisateur Richard Lester, lui était un véritable professionnel et ça se voit dans ce film. Contrairement à d’autres films musicaux de l’époque, lui savait ce qu’était le cinéma. Les dialogues sont percutants, les scènes bien cadrées, bien éclairées et la musique est époustouflante, mais ça on ne le doit pas au réalisateur ! Il ne faut pas oublier cependant qu’il s’agit également d’un coup marketing totalement contrôlé dont le but était d’accentuer la notoriété déjà importante à l’époque des Beatles.

Quelle est l'histoire autour du film ? Et de sa chanson éponyme ?

L’histoire du film est reliée à la chanson. Le film devait d’abord s’intituler The Beatles ou Beatlemania. Mais finalement, c’est après un accident de langage de Ringo Starr que le véritable titre est apparu. Le film était sur le point d’être terminé et alors qu’ils étaient épuisés après avoir travaillé dur dans leur studio, Ringo Starr déclara « It’s been a hard day…night », se rendant compte qu’il ne faisait plus jour mais nuit. John Lennon a alors raconté l’histoire au producteur Walter Shenson, qui leur demanda par la suite de composer une chanson portant ce titre. Le lendemain, la chanson était composée et le film arborait ce titre.

Quant à l’idée de faire un film, elle vient des managers. A l’époque, la grande mode pour les artistes musicaux était de faire un film, à l’instar d’Elvis Presley. Le passage par le cinéma sonnait comme une évidence, avec bien entendu des arrières pensées économiques. Les Beatles eux-mêmes étaient très enthousiastes par cette idée, étant donné qu’il s’agissait de leur premier film, mais aussi parce que tous avec une culture très cinématographique. Ils étaient fous notamment de Brigitte Bardot. Pour l’anecdote, c’est d’ailleurs la coupe de cheveux de Jean-Claude Brialy qui inspira celle des Beatles. Quoi qu’il en soit, ils se sont prêtés au jeu avec bonne humeur et enthousiasme, contrairement au film Help, qui lui est beaucoup plus construit, mais le tournage était un cauchemar pour les producteurs et réalisateurs.

Les Beatles n’en avaient que faire, ils avaient horreur de répéter et fumaient du haschich, voire autre chose, avant chaque scène. Par conséquent, ils étaient tous mauvais ! Sauf Ringo Starr qui lui, était le seul bon et content de jouer. Il avait beau être le moins musicien des quatre, il était un excellent acteur.

Les Fab Four jouent leur propre rôle dans le film. Et pourtant il s'agit bien d'un film-documentaire, soit un mélange entre fiction et réalité. Quelle est la part biographique du groupe dans ce film ?

Ce film est biographique. Il s’agit d’un film sur la vie des Beatles, qui jouent leur propre rôle chacun, où la dimension documentaire est très affirmée. D’ailleurs, le succès vient probablement de là : c’est un film documentaire scénarisé, et donc avec des dialogues et des blagues écrites à l’avance. Mais il faut savoir que même les parties scénarisées sont parfois des semi-improvisations. De plus, le scénariste, un copain à eux, a eu l’excellente idée de les suivre pendant un mois afin de les observer et de noter leurs propos afin de servir à chacun un dialogue qui leur correspond. De plus, les scènes filmées et scénarisées sont des situations qu’ils vivaient réellement. Tout est juste reconstruit. Par ailleurs, tous les morceaux sont joués en direct.

Dans 50 ans, le film aura-t-il autant de succès ? Et les Beatles ?

Dans 50 ans, le film vaudra ce que les Beatles vaudront. Sans eux, ce film n’a plus d’intérêt. Si les Beatles existent toujours dans 50 ans, ce dont je suis intimement persuadé, A Hard Day’s Night restera un témoignage et un objet de curiosité pour les érudits, au même titre que l’album. Il en va de même pour leurs autres films, comme Help, bien qu’il ait moins bien marché, ou comme Let It Be, qui lui est un véritable chef d’œuvre construit autour de l’enregistrement continu de l’album éponyme.

Publié le: Mercredi 9 Juillet 2014 - 09:45Source: atlantico

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