j’appelle vivre
ces deux mains affûtées
aux arêtes tranchantes
du couteau qui s’abat
ces deux lèvres ouvertes
sur une bouche étrangère
j’appelle vivre
ces corps passés
au laminoir
ces visages lépreux
qui endeuillent
nos rires sans échos
j’appelle vivre
ce cri d’espoir
suspendu à ma bouche
comme une offrande inutile
***
Francis Giauque (Prêles, Suisse 1934-1965) – Parler seul (1959)