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INTERNATIONAL > Un ado néerlandais part en guerre contre le plastique polluant les océans

Publié le 09 juillet 2014 par Fab @fabrice_gil

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Projet de Boyan Slat / deux bras flottants de 50 kilomètres chacun, formant un "V" - ©Reuters

Le Néerlandais Boyan Slat n’a que… 19 ans, mais 100 personnes travaillent déjà sur son idée, qu’il espère révolutionnaire : nettoyer les océans des milliers de tonnes de plastique qui les polluent.
Alors que la plupart des autres projets envisagent de ramasser les plastiques à l’aide de bateaux sillonnant les océans, Boyan Slat souhaite tout simplement se servir des courants marins pour les piéger. "Pourquoi vouloir aller vers les déchets alors que les déchets peuvent venir à vous !", dit en souriant le jeune scientifique, qui a mis entre parenthèses ses études en ingénierie aéronautique pour se consacrer à ce projet.La "soupe plastique" -mélange de déchets de tailles diverses dans l’océan- a un impact considérable sur l’environnement: les animaux marins (dauphins, phoques) s’y empêtrent, s’étranglent et se noient. D’autres les ingèrent, comme les tortues qui prennent les sacs plastiques pour des méduses.
Décomposés en petites particules, ces matières soupçonnées d’effet négatif sur la fertilité, provoquent des maladies cancéreuses chez l’homme. Le plastique coûte aussi des milliards d’euros par an à la pêche et au tourisme. La plupart des plastiques se retrouvent entraînés dans les cinq principales gyres (courants marins circulaires entraînant la formation d’énormes plaques de déchets) tragiquement baptisés "continents" de plastique. Les estimations varient sur la quantité totale de matières dans les océans, allant de quelques centaines de milliers à plusieurs millions de tonnes.
Le projet de Boyan Slat consiste à étendre deux bras flottants de 50 kilomètres chacun, formant un "V" jusqu’aux fonds marins. Munis d’un "rideau" s’enfonçant dans l’eau sur trois mètres de profondeur, ils bloqueront les plastiques. Concentrés au centre du "V" par les courants, les plastiques pourraient être facilement récupérés via une plateforme cylindrique de 11 mètres de diamètre en attendant qu’un navire vienne les évacuer. 3 000 mètres cubes de plastique (autant qu’une piscine olympique) pourraient y être stockés. Un tapis roulant installé sur la plateforme, alimenté par des panneaux solaires, permettrait d’emmener les plus gros déchets à un déchiqueteur.Le jeune homme s’est penché sur le problème lorsqu’il était encore au lycée, "après avoir fait de la plongée sous-marine lors de vacances en Grèce : sous l’eau, j’ai vu plus de plastiques que de poissons". Il a présenté son projet fin 2012, espérant à peine être pris au sérieux. Aujourd’hui une centaine de personnes travaillent sur le projet, certaines à plein temps.
Après une année de tests et une étude de faisabilité, Boyan vise la mise en place d’un projet pilote sur les trois ou quatre prochaines années. Un premier dispositif devrait naître dans le Pacifique Nord. Fatigué du décalage horaire, il revient tout juste des Etats-Unis. Le garçon se donne 100 jours pour collecter $2 millions grâce au crowdfunding. Une somme qui lui permettra de continuer l’aventure.L’étudiant qui vit encore chez ses parents vient de rassembler plus d’un million de dollars. Sur une période de 10 ans, le dispositif permettrait de collecter près de la moitié des déchets du Pacifique Nord. "Une méthode plus rapide et moins chère que celles conventionnelles."Quelque 70 océanographes, ingénieurs et juristes ont participé à l’étude portant, notamment, sur les matériaux, les questions légales, la résistance aux intempéries et le financement. "Heureusement que je suis entouré de personnes qui ont plus de connaissances et plus d’expérience que moi", sourit Boyan.
Le jeune scientifique estime que les problèmes techniques ont été abordés dans l’étude de faisabilité. Mais tout enthousiaste qu’il est, il reconnaît volontiers que son projet a ses limites et n’aborde qu’un aspect du problème. "Il ne permettra pas de collecter tous les déchets", admet-il."Et puis surtout, je suis bien conscient que la source du plastique dans les océans ne va pas se tarir du jour au lendemain", poursuit-il, appelant à un changement des mentalités : "les gens vont malheureusement continuer à jeter des plastiques". "Si la solution du plastique dans les océans est une chaîne, je ne suis qu’un maillon".FG

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