C’est le premier roman de l’auteur, écrit en 1992, et selon lui, destiné à la jeunesse.
C’est aussi pour moi le premier contact avec cet auteur dont tout le monde ne dit que du bien et qui a vendu à 10 millions d'exemplaires dans le monde son livre "L'Ombre du vent". Une grosse nouvelle, avec un réel suspens, des personnages étranges, de la magie noire, du fantastique, des fantômes et un chat diabolique … Evocation du devoir, de la responsabilité, du mensonge et de la vérité, du pacte faustien dans une histoire à faire peur qui se déroule autant sur terre que sous la mer, avec trois adolescents attachants : Max (13 ans), sa grande sœur Alicia et leur nouvel ami Roland. Une famille qui fuit les risques de la guerre – nous sommes en 1943 – pour venir s’installer tout au nord d’une plage, dans un village de la côte anglaise, dans une maison "habitée" par un ancien malheur.
Cependant, la lumière qui nimbe cette aventure au cours de cet été surprenant me paraît particulièrement vive. Cela se déroulerait sur une plage espagnole tout aussi bien. Sauf durant les terribles tempêtes qui jouent un rôle éminent dans le récit. L’atmosphère devient en effet rapidement oppressante. Le Mal rôde, sous la forme d’une brume protéïforme, qui fond sur ses victimes et les entraîne vers la mort. C’est d’abord à la petite sœur de Max, Irina, qu’il s’attaque, mais ce n’est pas sa cible principale. Un principe maléfique qui ressemble fortement à « Celui Qu’on ne doit Pas Nommer » … Aussi puissant, et aussi laid que Woldemort. Comme quoi les représentations imaginaires du Mal peuvent présenter de façon purement fortuite certaines similitudes …
Une histoire aussi fantastique qu’invraisemblable, bonne à faire briller les yeux et dresser les cheveux sur la tête des jeunes filles (et des moins jeunes aussi …) qui s’y plongeront. C’est bien écrit, superbement – comme toujours – traduit par François Maspero, l’adaptateur attitré de Arturo Perez Reverte, une pépite qui reparaît alors que l’auteur connaît un succès mérité. A lire d’un trait … sans modération.
Le Prince de la brume, roman de Carlos Ruiz Zafon, éditions Pocket, 188 p. 6,80€