Si la seule idée de se retrouver « déconnecté » de toute chose pourrait en affoler plus d’un, n’est-ce pas l’aubaine idéale pour lever les yeux de son téléphone, le temps de quelques jours ? Quitte à retrouver l’âge de pierre autant le faire en souriant, moyennant une imagination débordante afin de tromper l’ennui dans les transports en commun. Injoignable et personne pour m’emmerder. À l’abri du qui-vive et des MMS intempestifs, je me surprends progressivement à apprécier les joies du mode "silencieux", vivant pleinement le moment présent sans qu’il soit parasité par une nième vibration inutile. Zéro coup de fil, "le kiff total". J’en plaindrais presque ces accros du mobile qui, incapables de décrocher de Candycrush, pianotent si frénétiquement qu’ils en frôlent l’épilepsie entre deux stations de métro. Imperméables à tout signal extérieur, comme absorbés par l’étroitesse de leur monde qui tient sur la taille d’un écran. « Leur précieux ». Un horizon bien fade quand l’utile et l’indispensable ne se tiennent qu’à deux clics.
Si couper le cordon n’a rien gâché au plaisir de retrouver un nouvel appareil, je tâcherais désormais de l’utiliser volontairement à meilleur escient : comme un outil, non pas une extension de moi-même. À disposition de personne et certainement pas d’un gadget, je préfère encore rater un « push» que passer à côté du luxe d’avoir la paix. Mes propres batteries tiennent moins de 24 heures, autant les consacrer à l’essentiel en laissant le téléphone plus souvent dans le sac que sur la table.