Bernard Bougon
Dans sa vie professionnelle, le manager est souvent appelé à décider. Comment faire les bons choix, dans quelles circonstances décider avec l’équipe… Bernard Bougon, auteur avec Laurent Falque de Discerner pour décider (Dunod, 2014), explique les bases d’une bonne décision.
Marketing Community : Le discernement est-il un art complexe ?
Bernard Bougon : Le discernement consiste à « juger clairement et sainement des choix à faire », nous dit le Petit Robert. Clairement et sainement sont les deux mots clés de cette définition et n’éveillent aucune complexité. Cependant, le discernement reste un art. Il suppose, comme pour tous les arts, que ce soit la musique, le chant ou la poésie, une initiation, un entraînement suivi, souvent exigeant, et l’acceptation d’une remise en cause, au moins régulière.
Sur quels outils ou techniques le décideur peut-il s’appuyer ?
Discerner veut dire faire des choix et prendre des décisions. Aussi le décideur doit avoir une vision claire des modèles classiques de la décision, identifiés par les sciences de gestion : méthode rationnelle, approche politique, décision corbeille et choix satisfaisant. Il est aussi nécessaire qu’il ait une vraie intelligence des principaux pièges de la décision : effet de gel, piège abscons et piège du sentiment de liberté. Être capable d’éventer ces pièges, pour soi, pour les autres ou pour son organisation constitue une forme de « b a ba » de la pratique du discernement. Il faut ensuite en connaître le processus dont au début de notre livre nous présentons le résumé des différentes étapes, développées dans notre précédent ouvrage : Pratiques de la décision (3ème édition, Dunod 2013).
Quel rôle joue l’équipe dans la prise de décision ?
Dans ce livre nous faisons état d’une nette avancée de notre pratique du discernement collectif. Les choix, dans les conseils ou dans les équipes projets et plus généralement dans tous les collectifs, sont le plus souvent, s’ils ne sont pas imposés par une ou plusieurs personnes (approche politique), soit le résultat d’un vote, soit celui d’un consensus apparent. Nous montrons comment faire des choix où chacun dans le groupe est acteur du choix et partie prenante de la solution adoptée. C’est une extension du discernement individuel selon la finalité à un groupe constitué.
Pourquoi le choix ramène-t-il aux valeurs fondamentales de chaque personne ?
Choisir, c’est d’abord et avant tout « préférer ». Toute autre conception du choix mène à l’impasse. Il s’agit donc d’éprouver quelle est sa véritable préférence pour telle option plutôt que pour telle autre. Que je sois devant un choix personnel ou qui engage l’organisation dont j’ai la responsabilité, ou encore l’équipe qui sera porteuse de ce choix, l’exigence demeure la même : reconnaître où se porte en vérité ma préférence ou notre préférence.