genre: comédie dramatique
année: 1973
durée: 1h50
l'histoire: Charlie, Guislaine et Josyane, tous trois sans travail, décident pour survivre de faire les marchés.
la critique d'Alice In Oliver:
En 1970, avec son tout premier long-métrage, Mais ne nous délivrez pas du mal, le cinéaste français, Joël Séria, provoque déjà la polémique. Pour de nombreux fans, Mais ne nous délivrez pas du mal reste le meilleur film du réalisateur. C'est pourtant avec Les Galettes de Pont-Aven que Joël Séria connaîtra son plus gros succès au cinéma. Trois ans après la polémique de Mais ne nous délivrez pas du mal, Joël Séria signe son second film, Charlie et ses deux nénettes, réalisé en 1973.
Autant le dire tout de suite, cette seconde réalisation est beaucoup moins convaincante que la première.
Visiblement, Joël Séria veut éviter le scandale et le débat. Au niveau de la distribution, cette comédie dramatique réunit Jeanne Goupil, actrice fétiche de Joël Séria, Serge Sauvion, Nathalie Drivet, Jean-Pierre Marielle et André Lacombe. En apparence, le scénario est de facture simpliste.
Attention SPOILERS ! Charlie, un homme célibataire et quarantenaire, est à la recherche d'un emploi. Il fait alors la connaissance de deux belles jeunes femmes, Guislaine et Josyane, et se lie d'amitié avec elles. Ensemble, nos trois héros vont faire les marchés pour survivre. Hélas, sur leur chemin, ils font la rencontre de Tony (Jean-Pierre Marielle) qui prend sous son aile Guislaine.
Cette dernière disparaît mystérieusement. Charlie et Josyane décident alors de partir à sa recherche. Au niveau de la tonalité, Charlie et ses deux nénettes s'inscrit dans un discours "post 1968", donc dans un contexte de libération sexuelle, mais pas seulement.
En 1973, c'est déjà le début d'une crise financière pour la France. On commence à parler de plus en plus de chômage, d'exclusion et de marginalisation. Finalement, sous ses faux airs, le scénario de Charlie et ses deux nénettes est plus complexe qu'il n'y paraît. L'histoire repose avant tout sur un trio et s'apparente souvent à une sorte de road movie.
C'est à partir de ce trio que Joël Séria oppose différents portraits. Charlie est un personnage attachant, à savoir un célibataire quarantenaire sans famille, qui a probablement beaucoup souffert, mais qui continue de croire en sa bonne étoile. Quant à Guislaine et Josyane, ce sont deux jeunes femmes de vingt ans avec de nombreux espoirs et illusions. Elles finiront hélas par déchanter.
Le film prend un tournant radical lors de la rencontre avec le fameux Tony, qui promet à notre trio la gloire, la fortune et l'argent. Malheureusement, Guislaine paiera très chère la facture. Tony n'est rien d'autre qu'une petite frappe et sorte de pervers en puissance.
Dommage que cette partie, que l'on imagine profondément glauque, ne soit pas explorée par le réalisateur. Joël Séria se contente de réaliser une comédie dramatique douce et amère, mais sans jamais explorer réellement son sujet. Dans l'ensemble, le scénario reste trop rudimentaire pour passionner sur la durée. Toutefois, attention, Charlie et ses deux nénettes n'est pas un mauvais film non plus.
Il a sans doute inspiré des oeuvres telles que Les Valseuses, un drame français qui reposera lui aussi sur un trio, et proposera un ton encore plus insolent et décalé. Néanmoins, le film de Joël Séria reste assez décevant surtout qu'il fait suite à Mais ne nous délivrez pas du mal.
A réserver aux fans de Joël Séria donc !
note: 10.5/20