· Y-a-t-il une expérience d’ébriété que vous regrettez avoir vécue au cours de cette dernière année ?
Répondre oui à ces deux questions pourrait prédire avec une exactitude de 80% que vous avez un problème sérieux avec l’alcool, conclut cette très sérieuse méta-analyse du Leicester General Hospital (UK). Ses conclusions, présentées dans le British Journal of General Practice offrent une méthode très simple, en soins primaires, de première détection des patients à risque d’excès ou de dépendance.
Cet examen de la littérature scientifique sur le sujet mené à partir des bases Medline, PubMed et Embase a permis aux chercheurs britanniques d’identifier 6 études portant sur 1 question principale du médecin pour le dépistage de l’excès d’alcool et 2 études portant sur 2 questions dépistage, chaque étude portant sur un nombre de participants allant de 200 à 1.300 participants.
La plupart des études ont utilisé des critères diagnostiques valides pour confirmer les problèmes liés à l’alcool et la prévalence globale de ces problèmes sur l’ensemble des études sélectionnées s’élève à 21%.
Une approche basée sur une simple question
· permet d’identifier correctement 57% des patients ayant réellement un problème de consommation d’alcool,
· permet d’identifier correctement 81% des patients sans problème d’alcool,
· entraîne 43% de faux négatifs c’est-à-dire de personnes ayant réellement un problème d’alcool mais non identifiées.
La question unique qui semble apporter la réponse la plus précise est : » Vous arrive-t-il souvent de consommer plus de 6 verres en une » soirée « ?
Puis vient la question « Y-a-t-il une expérience d’ébriété que vous regrettez avoir vécue au cours de cette dernière année ? »
Ces deux questions sont jugées chacune comme très performantes pour identifier les personnes ayant des problèmes avec l’alcool, tout en n’apportant que peu de faux négatifs.
Une approche basée sur 2 questions permet d’identifier correctement 87% des patients ayant réellement un problème de consommation d’alcool, avec une spécificité de 80% (proportion correctement identifié comme ayant un problème d’alcool).
La combinaison optimale de 2 questions est :
« Abusez-vous fréquemment de l’alcool dans des situations qui peuvent engendrer un risque physique ? »
« Votre consommation d’alcool dépasse-t-elle souvent vos résolutions ou vos intentions ? »
D’autres approches plus classiques et plus précises : Les chercheurs citent 2 autres questionnaires reconnus, l’Audit alcohol use questionnaire en 10 items et le « CAGE questionnaire », en 4 items :
· Avez-vous déjà pensé que vous deviez diminuer votre consommation d’alcool?
· Votre entourage a-t-il déjà critiqué votre consommation d’alcool?
· Vous êtes-vous déjà senti coupable de boire?
· Avez-vous déjà eu envie ou ressenti le besoin de prendre un verre le matin pour vous calmer ou « faire passer » une gueule de bois?
2 oui ou plus peuvent indiquer un problème avec l’alcool.
Cependant, ces questionnaires sont plus complexes et « moins pratiques » pour les médecins, dans le cadre d’un dépistage de routine en soins primaires.
Une approche progressive : La méthode donc conseillée ici, pour élargir facilement ce dépistage est une approche progressive, en 2 questions dans un premier temps, et suivie, le cas échéant par des questionnaires reconnus.
Source: British Journal of General Practice July 1 2014doi: 10.3399/bjgp14X680497 Accuracy of one or two simple questions to identify alcohol-use disorder in primary care: a meta-analysis.