Tamar Zinguer, chercheuse au Programme d’accueil 2014, analyse la propension dans la discipline architecturale pour un terme littéraire « degré zéro », exprimant une quantité précise, articulant une pluralité de zéros et de différentes modalités du néant.
Page 88-89 de Christian Zervos, La civilisation de la Sardaigne du début de l’énéolithique à la fin de la période nouragique, IIe millénaire-Ve siècle avant notre ère. Paris : Cahiers d’art, [1954]. Collection CCA. Photographie par David Weill. Dessins par Christian Zervos
Prémisse :
Lorsqu’en 1953, Roland Barthes publie son premier livre, Le degré zéro de l’écriture, il avait l’intention de montrer que si l’écriture était dépourvue de toute signification qui lui était périphérique ou extérieure, elle pouvait devenir radicale et révolutionnaire.
À mesure que l’expression « degré zéro » gagnait en usage, elle commence à être employée également en critique architecturale. Reyner Banham parle de « degré zéro » comme étant la « valeur nulle » de l’architecture perceptible dans les bâtiments industriels dépouillés d’Albert Kahn, alors qu’Ignasi de Sola-Morales qualifie les espaces du minimalisme raréfié de Mies, comme le « degré zéro » de la forme architecturale.
Dans Landscape and the Zero Degree of Architectural Language (1997), Bruno Zevi annonce qu’un nouveau « degré zéro », dans le langage architectural, survient et se manifeste par des valeurs de désordre et d’imperfection censurées de tout temps en design, depuis les édifices laissés par la civilisation nuragique en Sardaigne, trois mille ans plus tôt. Ces milliers de cônes tronqués (lesnuraghi), éparpillés sur la terre, sont le meilleur exemple d’un ordre a-stylistique, manquant de raffinement, un « degré zéro » en matière de planning du paysage.
Où :
Centre Canadien d’Architecture
1920 Baile
Quand :
Séminaire : 10 juillet 2014, 18 h 00