C'était un si petit village qu'on lui avait même donné le nom d'un lac. Tranquille, sympathiquement tourné vers lui-même en ce sens que tout le monde s'y connaissait. Où si on ne voulait pas connaître son entourage, ça importait peu puisque tout le monde saurait vous seriez qui de toute façon. Tricoté serré. Coude à coude.
Sur les armoiries du village on y montre une franche poignée de main et trois poissons deux pointant vers l'ouest et celui du milieu pointant vers l'est. Au bas de ces armoiries, la devise "un seul corps, un seul esprit" inscrite en latin.
Toujours un coup en avant, un autre charme de la région. Le village est si près de la frontière des États-Unis qu'ils y ont développé des affaires, l'exportation du bois entre autre, avec le Vermont.
Puis il y a eu cette nuit de 6 juillet 2013. Une nuit parfaite sous tous ses rapports. Où tout était en place pour tomber en amour. Avec un(e) partenaire, un village, une nuit, une terrasse, un bar, un pays. Mais personne n'a vu ce train fou descendre la pente dans le reflet de la lune.
C'est un triple deuil qu'on a vivre les gens de ce secteur.
Celui des êtres chers perdus, le plus direct, le plus violent. Celui qui vous renverse une vie complètement à l'envers. Qui vous place vous-même dans un état de survie indéfini. Et peut-être pour toujours, il est trop tôt pour le savoir.
Il n'y a pas que ces gens qui sont morts, il y a le centre-ville aussi. Le village est à renaître.
Ces deux deuils sont privés, ou du moins peuvent et dans plusieurs cas doivent l'être vécu ainsi. Un silence, un recueillement, une reconstruction intérieure qui doit se faire seul avec sa peine afin de pouoir retrouver la paix et par la suite, la joie de vivre. Peut-être...
En tant que village. Qui depuis, a fait naître autant de monstres que de héros.
Mais dont les eaux troubles ne ressemblent plus en rien au calme du Lac d'antan.
Un village qui ne pourra jamais plus être en paix comme avant.
Que l'on torture à coup de caméra et de micro et bruits d'hélicoptères à toute heure du jour, un an plus tard. Que l'on visite comme on ferait le touriste à Pompei.
C'est le deuil de la paix qui est le plus sournois. Ce village n'aura plus jamais la paix.
Reconstruire ce qui est brisé en dedans, ça se scénarise pas dans des réunions de pré-prod.
Dans la ville Allemande existait un tel problème de surpopulation de rats que les citoyens voyaient leurs aliments infestés et non-consommable en raison des rats. La ville crevait littéralement de faim. Ils ont fait appel à un dératiseur, un joueur de flûte à qui on avait promis beaucoup d'argent en échange du débarras de l'ensemble de ses rats. Le joueur de flûte à joué de son instrument et les rats, hypnotisés par le son musical, ont été attirés vers lui. Il a continué de jouer et les as tous amenés en bordure d'une rivière qu'il a traversé et dans laquelle tous les rats se sont noyés. Débarrassant la ville de son problème.
Toutefois, quand les citoyens sont revenus sur leur parole et ont refusé de payer l'artiste, le chassant même à coup de pierre. Celui-ci s'est vengé et a rejoué de la flûte quelques semaines plus tard dans la nuit, attirant cette fois tous les enfants du village, qui l'on aussi suivi, au sommet d'une montagne cette fois, hypnotisés, et que l'on a plus jamais revus.
Où est le joueur de flûte du Lac Mégantic?