On ne peut pas dire que cela soit du luxe! Car tout, ou presque est aujourd'hui à reconstruire en matière d'éducation au pays du rubis!
Plusieurs décennies de gouvernance militaire ont mis la Birmanie sur la paille à tous les niveaux - économique, social, éducatif, culturel et sanitaire - et ce qui fut jadis la perle de l'Asie du Pacifique, est désormais le pays le plus pauvre de la région!
C'est dire à quel point la manne de 27, 8 millions de dollars que vient de déposer dans l'escarcelle éducative birmane la ministre australienne des Affaires étrangères, de passage à Rangoun, est la bienvenue!
L'amitié entre Julie Bishop et Aung San Suu Kyi
Naturellement, c'est en tout premier lieu à Aung San Suu Kyi que Julie Bishop, chef de la diplomatie australienne, a tenu à l'annoncer.
Les deux femmes ont noué une solide et chaleureuse relation depuis le voyage d'Aung San Suu Kyi à Canberra en novembre 2013. La Dame de Rangoun y avait été accueillie avec enthousiasme par les Australiens et Julie Bishop avait confié à la presse qu'Aung San Suu Kyi était pour elle une des personnalités les plus remarquables de ces 100 dernières années!
La leader non-violente birmane et elle, avaient beaucoup parlé de la nécessité urgente du développement de l'éducation en Birmanie. Et, dès lors, Julie Bishop avait fait le forcing sur le gouvernement australien.
Mission réussie!
“Faire passer de 4 à 7% la part du budget national birman consacrée à l'éducation”
Certes, depuis la fin de la junte militaire en Birmanie et la relative ouverture du pays, beaucoup de choses ont changé. Et en premier lieu, son économie! Exsangue hier encore, elle est aujourd'hui en plein essor. Le taux de croissance 2012 fut de 6% et celui de 2013 avoisine les 7% (chiffres FMI) (1). Pas mal pour un pays à peine émergent! Mais on part de si loin et de si bas, qu'il en faudra du temps, de la volonté politique et des investissements pour que le Myanmar se hisse à la place qui est la sienne et que son peuple puisse enfin aspirer à une relative et acceptable stabilité économique.
En particulier dans l'éducation, fer de lance de la Birmanie de demain!
“Nous prévoyons de construire 3000 écoles primaires dans les zones reculées du pays“, avait déclaré Aye Kyu, le vice-ministre birman de l'Enseignement, en visite à Montpellier, fin 2012, dans le cadre de l'accord birmano-européen Panacéa pour l'accueil et la formation d'étudiants et d'enseignants birmans dans nos universités.
Et d'ajouter, dans une sorte d'élan euphorique extrêmement louable: “Je vais d'ailleurs bientôt proposer au Parlement de faire passer de 4 à 7% la part de l'éducation dans le budget de l'état“(2).
Plus de 50% des jeunes birmans ne dépassent pas l'école primaire
Pour le moment, les dépenses birmanes en matière d'éducation ne représentent que 1,7% du PIB national, ce qui est le chiffre le plus bas des pays de l'ASEAN (A titre de comparaison, le budget consacré par la France à l'éducation est de 6,9% du PIB, soit 139,40 milliards - chiffres 2012/2013, Ministère de l'Education Nationale (3).
Or, le développement d'un pays passe aussi par celui de son niveau d'instruction.
“L'éducation est le seul tremplin qui garantisse un avenir meilleur“ avait lancé Christine Lagarde, Directrice du FMI dans son discours très remarqué du 3 décembre 2013, à l'Institut d'Economie de Rangoun.
Et de rappeler que, si la plupart des enfants birmans allaient bien à l'école primaire (obligatoire), seulement la moitié d'entre eux suivait un enseignement secondaire (4).
Aung San Suu Kyi en appelle à la reconstruction de l'ensemble du système éducatif
Pour Aung San Suu Kyi, dont le développement du niveau éducatif de la jeunesse birmane est une des priorités, c'est l'ensemble du système, sapé par un demi-siècle de destruction, qu'il faut rebâtir pierre par pierre.
“Aujourd'hui, le niveau de notre enseignement universitaire est tombé si bas que les diplômés n'ont rien d'autre, à la fin de leurs études, qu'une photographie de leur cérémonie à montrer autour d'eux pour preuve des années qu'ils ont passées à l'université!” déclarait-elle déjà, non sans son habituel humour, en mars 2013 (5).
C'est donc avec beaucoup d'émotion et de joie qu'elle a accueilli l'aide très importante accordée cette semaine par la Ministre des Affaires étrangères australienne.
Tout en sachant que la reconstruction du système éducatif de la Birmanie ne fait que commencer et que de multiples efforts et de nombreuses aides, venant de toutes parts, seront encore nécessaires afin que chaque enfant birman puisse, un jour, savoir lire et compter couramment, quel que soit son origine social et culturel!
Pierre MARTIAL
Ecrivain-journaliste
Rédacteur en chef de aungsansuukyi.fr
Aung San Suu Kyi, site français d'information et de soutien à Aung San Suu Kyi et à la Birmanie / Myanmar