Face a des problèmes qu'on ne sait ou qu'on ne veut pas résoudre, une technique consiste à trouver un bouc émissaire pour lui faire porter le chapeau,et ainsi échapper à ses responsabilités ou à son incompétence. La méthode est vieille comme le monde, mais elle fonctionne toujours. Ainsi en va-t'il des conséquences du chômage, que la plupart de nos hommes politiques et des patrons, ardents partisans de l'ultra libéralisme, voudraient faire supporter aux premiers concernés les chômeurs, qui seraient ainsi rendus responsables de leur propre sort, comme les malades avec les franchises médicales.
En démocratie, chacun est en droit d'exprimer son opinion. Les libéraux sont libres d'avancer leurs convictions sur le sujet, quand bien même ils n'arrivent à convaincre qu'eux-mêmes. Il va de soit que nous ne partageons pas du tout leurs vues. Mais leurs élucubrations nauséabondes ne passent plus quand ils assènent des contre-vérités pour étayer leurs thèses. Ainsi régulièrement, voit-t'on fleurir dans la presse, des déclarations réductrices sur le thème du chômage. Les unes laissent entendre que les chômeurs sont des fainéants ,que nombre d'entre eux vivent aux crochets de ceux qui travaillent, les autres affirment que le système d'assurance chômage leur est trop favorable et que des centaines de milliers d'emplois ne sont pas pourvues dans notre pays.
Le chômeur " fainéant" est un être blessé, désabusé, épuisé ou dépressif. Le chômage s'est installé en lui comme une maladie incurable. Mais reproche-t'on à un cancéreux d'avoir le cancer? non. Même si la maladie rebute les biens portants, insulte-t'on collectivement les souffrants? Non. Alors que cesse les insultes envers les chômeurs !
- Il ne faut pas jouer avec les mots et moins encore avec les maux .
"Il faut remettre la France au travail" martelait Jean-pierre raf-à-rien peu de temps après sa nomination à Matignon. Sous-entendait t'il que les français, et pas seulement les chômeurs, trainent des pieds pour aller bosser?
Mais les bonnes intentions se heurtent souvent à la réalité d'une situation moins reluisante. En décembre dernier, l'INSEE annonçait que la France avait perdu 67000 emplois en 2003. ( une première depuis 10ans) et aujourd'hui, le taux de chômage est proche des 10%. La faute à qui?
Ceci montre bien qu'en matière de chômage, il ne faut pas jouer avec les mots et encore moins avec les maux de celles et ceux qui se retrouvent du jour au lendemain sans emploi. Il convient ici d'évoquer quelques vérités qui sont toujours bonnes à rappeler à ceux qui nous gouvernent et aux autres qui pensent que beaucoup de chômeurs s'accommodent de leur situation et s'y complaisent même.
- Les magouilles du patronat responsables des déficits sociaux
Seulement voilà, la marge de manœuvre du "chômeur professionnel" est étroite. Après avoir épuisé son allocation chômage ( qui lui est versé depuis le PARE pour une durée maximale de 23 mois contre 30 mois auparavant ) il devra se contenter de l'ASS ou du RMI pour survivre. "L'escroquerie" porte alors sur la somme de 400 euros/mois (2600 francs) les donneurs de leçon de tout poil réussiraient-t'ils, eux, à vivre avec ce revenu de misère? Alors quand on ne sait pas de quoi on parle, on se taît. Et puis, les allocations chômage , il faut avoir travaillé et donc cotisé pour y avoir droit, ce n'est donc pas un avantage qu'il faut mériter, mais bien un dû que le chômeur s'est lui-même payé par ses cotisations à l'Unedic.
Nous ne rentrerons pas ici dans le détail des abus de biens sociaux, des détournements de fonds, des stocks-options, des fausses factures, des frais fictifs, des avantages en nature, parachutes dorés et autres petits arrangements comptables qui s'offrent aux dirigeants d'entreprises, aux professions libérales, aux commerçants et autres artisans indélicats. Les sommes en jeu se chiffrent en milliers,, millions ou milliards d'euros.
Si nous partons du principe que la proportion d'escrocs notoires est la même dans toutes couches de la société française, à l'exception de la mafia d'état, -presque une seconde nature- il est certain que les chômeurs ne sont pas les mieux placés pour en tirer profit.
Par ailleurs, une part non négligable du déficit des caisses publiques ( assurance maladie, assurance chômage, vieillesse etc) est générée par les dissimulations de toutes natures fomentées par des chefs d'entreprises, artisans, commerçants et professions libérales peu scrupuleux et avec la bénédiction des pouvoirs publics envers leur clientèle électorale.
- Chômeur, un "statut" enviable?
Dans une société hiérarchisée et organisée autour du travail, le fait d'en être privé est vécu pour la très grande majorité d'entre nous comme un traumatisme. Des centaines de milliers de demandeurs d'emploi se retrouvent sur le carreau pour des raisons qui leurs échappent des raisons souvent dictées par la spéculation boursière et l'appât du gain d'une classe dirigeante qui, elle, défend bec et ongles ses privilèges.
Et puis, il ne faut pas occulter la réalité financière du "statut" de chômeur : Elle est marquée par une forte détérioration de son pouvoir d'achat. Faut-t'il rappeler que, pris en charge par l'Assedic, le demandeur d'emploi n'est indemnisé qu'à hauteur de 57% de son salaire brut antérieur ce qui est bien moins généreux que dans la plupart des pays d'Europe où 75 à 80% du salaire antérieur sont de rigueur? Les allocations chômage françaises comptent donc parmi les moins génereuses d'Europe, pas de quoi crier "haro" sur les chômeurs...
Par exemple, une personne qui percevait un salaire brut de 1500 euros, soit 1200 euros net, touche une allocation d'environ 860 euros. Le manque-à-gagner s'élève donc à 340 euros ou 4080 euros par an. Au niveau du coût de la vie aujourd'hui en France, je ne connais personne qui peut se satisfaire d'une telle dégradation de revenu, surtout quand on sait qu'un célibataire à besoin d'environ 1500 euros minimum pour vivre sans trop se priver.
Et puis, comme le Gouvernement semble l'oublier, il est bon de lui rappeler l'article 23 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme de 1948 qui dit ceci :
- Toute personne à droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.
- Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal
- Quiconque travaille à droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existance conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y'a lieu, par tous autres moyens de protection sociale
- Toute personne à le droit de fonder avec d'autres des ysndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.
Le temps est venu pour les chômeurs de rappeler se principes à l'assurance chômage et au Gouvernement et s'ils s'obstinent à vouloir nier les droits élémentaires des chômeurs, de leur faire systématiquement un procès en justice pour calmer leurs ardeurs coercitives...