Ferme de Bellevue, sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, 6 juillet 2014 (JL).Le rassemblement contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les 5 et 6 juillet, a fait son mot d’ordre de la convergence des luttes. En est sortie une déclaration solennelle : « Nous serons 100.000 devant l’usine des 1000 vaches, sur le barrage de Testet dans le Tarn, sur les LGV, devant l’hyper incinérateur de la Rochelle, sur les projets d’extraction (mines d’or, gaz de schistes,...), sous les THT, sur les sites d’enfouissement de déchets nucléaires, sur les sites de biomascarade.. et tant d’autres encore ! ».Dans les champs entourant la ferme occupée de Bellevue, sur la zone réservée pour l’aérogare devenue « zone à défendre » pour les opposants, la ZAD, plusieurs milliers de personnes ont parlé, écouté, dansé, campé et fait la fête pendant deux jours. La foule était diverse : des jeunes, des vieux, des électeurs, des partisans de l’action directe, des retraités, des précaires, des familles et des solitaires, des comités de soutien originaires de l’autre côté de la France et des voisin venus en touristes.
Quelle convergence s’est-elle dessinée contre le dérèglement climatique ? Difficile à dire à l’issue des débats. Des points de vue divers, voire contradictoires s’y sont exprimés concernant les stratégies de mobilisations et les formes de lutte d’ici le sommet de l’ONU de décembre 2015 qui se tiendra au Bourget, Paris Climat 2015.
Deuxième ligne de clivage : faut-il valoriser les alternatives ou s’attaquer au système frontalement ? D’un côté, on trouve le processus des Alternatiba, ces rassemblements locaux initiés par l’association basque Bizi pour rapprocher et valoriser les alternatives au système marchand et pollueur dominant (Amap, coopératives, projets d’éducation populaire…). A partir de l’automne 2015, il doit s’en tenir à Nantes, Gonesse, Bordeaux, etc. De l’autre, c’est la défense de la stratégie de la confrontation : « on a besoin d’un rapport de forces qui dépasse l’échelle des alternatives, plaide un militant lors d’une réunion plénière sur les enjeux climatiques. On ne leur cause pas d’inquiétude. On est des gentils marginaux ».Il n’existe bien sûr pas d’instance de départage et de règlement des différends stratégiques au sein des mouvements sociaux du climat. Dans la perspective du sommet de décembre 2015, un cadre unitaire s’est néanmoins mis en place autour de associations. Il réunit des réseaux historiques des mobilisations altermondialistes (Attac, Crid) et le Réseau action climat (Rac). Ils se réunissent depuis le début de l’année 2014 pour coordonner leurs campagnes et créer un front uni, à la différence de ce qui s’était passé en 2009 lors de la conférence de Copenhague.
Cette alliance improbable de cultures politiques si différentes peut-elle perdurer dans une mobilisation contre le système qui produit le dérèglement climatique ? Dans les allées boueuses des parcelles de Bellevue, les 5 et 6 juillet, beaucoup croyaient la victoire contre la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à portée de main. Sur place, s’élaborent déjà des plans pour la reconversion de la ZAD en vivier d’alternatives agricoles et sociales.