Un journaliste hors pair

Publié le 07 juillet 2014 par Malesherbes

Poursuivons l’examen de l’entretien accordé à M. Sarkozy, après sa mise en examen, en soulignant la pertinence des questions de M. Elkabbach.

« Comment vous réagissez au principe et à la longueur de la garde à vue. Elle a été exceptionnelle: 15-16 heures avec les policiers. Vous étiez sans avocat. Quelle est votre réaction ? » Comme c’est bienveillant de rappeler à M. Sarkozy les points sur lesquels il convient qu’il se plaigne. D’abord, le principe de la garde à vue. Est-il normal qu’un citoyen comme les autres soit soumis à une garde à vue, comme 400.000 citoyens chaque année ? Ensuite la longueur de cette garde à vue, 15-16 heures, M. Elkabbach ne sait plus très bien. Tandis qu’une garde à vue normale peut durer 24 heures et être prolongée de 24 heures supplémentaires. Puis, abomination : une garde à vue avec des policiers ! Qui donc mène une garde à vue d’ordinaire ? Cette garde à vue mérite bien d’être qualifiée d’exceptionnelle ! Quant à l’absence d’avocat, je me suis laissé dire que M. Sarkozy avait tenu à se passer d’avocat, exerçant lui-même cette profession. Remarquons au passage qu’en la circonstance, son avocat, Me Herzog n’était pas très loin de lui.

M. Sarkozy juge utile d’indiquer à nouveau la durée de cette garde à vue : « Est-il normal que je sois placé en garde à vue pendant 15 heures » et, à l’intention de ceux qui n’auraient pas compris, M. Elkabbach en rajoute : « Donc il faut bien expliquer aux Français qu’il y a eu d’abord les 16 heures avec les policiers » ce qui d’ailleurs introduit un doute sur la longueur précise de cette garde à vue.

Toujours serviable, M. Elkabbach vient suggérer à M. Sarkozy d’émettre de nouveau soupçons sur l’état d’esprit des juges : « Est-ce que vous pensez que les chefs d’accusation contre vous étaient déjà anticipés ? Qu’elles avaient décidé avant de vous voir ? » Petite imperfection de la langue de ce journaliste : si les chefs d’accusation étaient anticipés, ils l’étaient nécessairement déjà.

Gilles Bouleau rappelle alors comment M. Sarkozy avait insulté les magistrats : « c’est vous-même qui les aviez traités de petits pois… Vous les aviez traités de petits pois en disant "ils sont quantité négligeable"», suggérant que le président ne les avait pas bien disposés à son égard. M. Elkabbach enchaîne alors : « Là on assiste à la revanche des petits pois…». Il reprend ainsi la formule du président Sarkozy à son compte et assène une accusation qu’il se garde bien de justifier.

À propos du choix des juges, M. Elkabbach poursuit son rôle de souffleur : « Est-ce que le président Hollande et son gouvernement, dans les affaires judiciaires qui vous concernent, sont des spectateurs ou des acteurs ? ». Peut-être convient-il de lui rappeler également qu’il parle du gouvernement de M. Ayrault et non de M Hollande.

 Toutes les astuces de ce journaliste hors pair sont bien superflues. M. Sarkozy est tout à fait capable d’énoncer des contre-vérités tout seul. C’est ce que je me propose de démontrer dans un prochain billet.