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« Les locataires de l’été » de Charles Simmons : Le bonheur est rare et le soleil aussi …

Par Alyette15 @Alyette1

"Les locataires de l’été" de Charles Simmons aux Editions Phebus Libretto

"Quant à moi , je ne pense pas que l’amour soit destiné à adoucir la condition humaine; je pense qu’il est inhérent à la condition humaine. Tantôt il s’épanouit et tantôt il tourne court, comme la plupart des choses de la vie …" 

1ère de couverture

1ère de couverture "Les locataires de l’été" de Charles Simmons aux Editions Phébus Libretto

Auteur ombrageux qui aime à s’éclipser de la littérature pour mieux renouer avec l’impatience que suscite une longue absence, Charles Simmons a fait de l’élégance sa signature. Et c’est bien ce savoir-écrire qu’il nous livre dans ce roman d’été interrogeant l’hiver floconneux de l’âme adolescente. Une âme en proie à des indécisions qui finissent par tracer le chemin de l’adulte.

Michael a 16 ans, il est un américain bon ton que l’on devine aisément porter des mocassins en peau sur de fines chevilles hâlées. C’est au Cap Bone qu’il passe ses vacances rythmées par le tangage d’Angela, le  voilier familial manœuvré par un père dont la décontraction fait l’unanimité auprès des femmes, la sienne comme celle des autres. A la confection des repas la mère jalousant tranquillement cette iconographie masculine.

La villégiature est douce, empreinte de sable fin et de pull-overs sur les épaules quand le soleil décline. A la nuit tombée, quelques fêtes assorties de confidences émaillées d’alcools fort convoquent une Dolce Vita bon chic bon genre. Puis, Michael rencontre Zina, sa voisine d’été. Elle le baptise Micha et c’est sur cette étrenne qu’une toute autre atmosphère s’invite dans l’ambiance Norman Rockwell. La dramaturgie russe s’enracine dans les langueurs océanes tandis que Micha découvre le corps svelte de sa jeune amie qui s’essaye à la photographie avec l’aisance de celles qui savent leur avenir acquis.  Toujours amarré pour signifier sa présence, le voilier rythme les émois du jeune homme s’initiant aux flottements féminins.D’inoffensifs jeux d’adolescents pour fragmenter une photo de famille qui s’obscurcira de nuances sourdes. « Bonjour tristesse »

Si le raffinement littéraire devait avoir son peintre, c’est sans aucun doute à Charles Simmons que reviendrait la gouache d’or. Avec une langue d’une sobriété quasi immatérielle, il entre dans le tableau des vies et l’estampe précise de sa plume distille les effets avec un sens de l’esthétique aussi rare que précieux. A l’aide d’effleurements sobres, sans que jamais n’interviennent le jugement ou la psychologie à l’emporte-pièce, Charles Simmons se fait aussi le maître des âmes, de ces âmes qui s’arrogent la propriété du bonheur alors qu’elles sont à peine « Les locataires de l’été ».

Un très grand roman à lire en délaissant toute sieste. Un blues de haute lignée dont la ligne de basse désenchantée nous fredonne longtemps « Le bonheur est rare et le soleil aussi …».

Astrid Manfredi, le 06 juillet 2014

Informations pratiques :
Titre : Les locataires de l’été
Auteur : Charles Simmons
Editeur : Phébus Libretto
Nombre de pages : 192
Prix France : 8,70 euros

00/08/1968.

Des locataires de l’été …

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