« Le Before du Grand Journal » c’est cette fameuse (mais inconnue) émission qui vient de clôturer sa première saison à l’antenne de Canal +. Qualifiée d’ovni télévisuel, cette émission est soutenue par la chaîne qui la qualifie de « laboratoire« . Mais au juste, qu’est-ce qu’un laboratoire à la télévision ?
C’est l’un des nombreux fantasmes qui gravitent autour de la télévision, celui de créer la télévision de demain, de disposer d’un espace de liberté quasi total où l’on puisse tester tout un tas de nouveaux formats, de nouvelles écritures, etc. bref, que l’on tente de briser les codes éculés de toutes parts dans les émissions.
Ainsi, « Le Before du Grand Journal » avec aux commandes Thomas Thouroude est apparu avec cet objectif en tête. Tout d’abord, le challenge a été celui de l’horaire (18h05) qui historiquement sur Canal + n’était pas destiné à être une tranche en clair. Second défi, s’adresser à une population de téléspectateurs que l’on dit de plus en plus volatile face au poste, les 15-35 ans. Et quoi de mieux pour leur parler que de jouer avec les codes éditoriaux qui leur sont proches.
Du web, du format court, du LOL, de l’humour ; bref, toute une gamme de dispositifs que l’on peut caricaturalement adresser comme étant fréquemment consommés par les jeunes adultes. Au terme de cette saison, si l’on considère les critères de succès télévisuellement admis, l’émission n’est pas une franche réussite en terme d’audience (moins de 100 000 téléspectateurs pendant toute la saison) et dispose d’un coût par téléspectateur élevé (argument fallacieux au possible de la part de « Touche pas à mon poste »).
Néanmoins, tous ces arguments ne tiennent pas à partir du moment où l’émission est clairement circonscrite par son diffuseur comme étant un « laboratoire« . Un « laboratoire » n’est par essence pas fait pour rassembler un large public, il est destiné à obtenir un retour sur des essais, des tests, des nouvelles écritures, etc. C’est une démarche très saine de la part de Canal +.
Public de niche intéressé par ces nouveautés ou professionnels de la télévision, « Le Before » n’a pas vocation à être autre chose qu’une tranche horaire hybride où le diffuseur va pouvoir essayer, faire incuber différents projets avant de les proposer dans des émission et des cases horaires plus traditionnelles. « Connasse » est à ce titre le premier exemple de ce à quoi est destiné « Le Before du Grand Journal« .
Après, que les commentateurs viennent à parler d’échec est regrettable et prouve, une fois n’est pas coutume, que la télévision est durablement ancrée dans son sillon et qu’il faudra encore beaucoup de persévérance aux producteurs et diffuseurs pour apporter un courant d’air frais aux mécaniques et dispositifs télévisuels depuis longtemps éculés.
Canal + Le Before du Grand Journal Réflexion 2014-07-07 jotbou Partager !