Archie Shepp/Horace Parlan - First Set (1987)

Publié le 07 juillet 2014 par Oreilles
En ces temps glorieux où musique "indé" signifie moyen/gros label capitaliste non affilié à une major, et qui fournit gratos en pédales d'effets une armée de petits blancs qui n'ont d'autre perspective musicale que la cahier des charges "pop psyché", parlons de .... musique. "La vie et la mort sont les seuls critères valables en musique" dit Steve Lacy. Traduction : soit tu te fais chier à écouter un truc éventuellement bien fait mais sans vie, formaté et prévisible, soit tu écoutes une musique-événement, La Vie.  Bref tout ça pour vous parlez du Blues." Quoi ? It's played !".  Ben justement une musique vivante, n'est pas nécessairement une avant-garde dans l'avant garde, mais simplement un acte de création authentique, où il se passe quelque chose, y compris à l'intérieur d'un genre bien installé. De ce point de vue rien n'est plus déterminant que l'écoute des musiques improvisées quand elles s'inscrivent dans un genre, ici le blues.
Archie Shepp/Horace Parlan, 1987, Annecy. Le Blues,  capté à la perfection. La sonorité si singulière de Shepp, chaude et vibrante, médium aigus écorchés, manières de détimbrer les sons, tout ça est magnifiquement présent, offert sans résistance, dans un silence trés pur délivré de la batterie et de la contrebasse. Retour au blues pour un musicien qui s'est embarqué dans le Free des années soixantes tête baissée et a l'impression d'avoir perdu son public. Là encore peut-être le sentiment d'avoir confondu musique vivante et avant garde. Le blues, cette musique de l'âme, pour et par des âmes simples, qui ne laisse aucune chance aux musiciens qui n'en ont pas.
Il faut écouter sa version de "How long blues" de Leroy Carr.  Shepp joue du ténor et chante. Et l'on s'aperçoit qu'il chante comme il joue, parce que son jeu improvisé est vivant, exprime un chant intérieur, au lieu de recaser des plans tout faits appris dans les écoles de musique. "Mama rose", au saxophone soprano, pour faire pendant méditatif au ténor flamboyant. Et pour évoquer une grand mère adorée et la mort de Malcom X, avec cette mélodie sublime (et pas deux chromatismes qui se courent après, noyés dans des pédales d'effets, hein ?), et cette sonorité un peu sèche à la Coltrane, et ce prêche Black Panthers où résonne en diable "Révolution!!".
En Bref : Un grand moment live de Great Black Music ! Le Blues, le Blues !



Pas de vidéo de ce concert !
petite consolation, un blues lent, "trouble in mind", par le même duo :