« Ex Machina » est une saga de cinquante épisodes, publiés aux USA par Vertigo entre 2004 et 2010. Cette série a connu deux éditions françaises, mais n’avait encore jamais été éditée dans sa totalité. Heureusement qu’Urban Comics est là pour combler cette lacune et me permettre d’attaquer cette saga signée Brian K. Vaughan (Y, le dernier homme et Saga) et Tony Harris.
Le premier volet invitait à faire la connaissance de Mitchell Hundred, un ingénieur devenu capable de “parler” aux machines après avoir été blessé par un étrange artefact et ayant ensuite décidé de troquer sa carrière de super-héros pour la politique après avoir notamment empêché la destruction de l’une des tours du World Trade Center lors des attentats du 11 septembre 2001. Cet album qui reprend les épisodes #12 à #20, ainsi que les deux épisodes d’ « Ex Machina Spécial », propose à nouveau un mélange d’intrigues politiques et d’action super-héroïque en suivant le quotidien du maire de New-York et en revenant intelligemment sur son passé de super-héros.
Ce deuxième volet invite à suivre quatre nouvelles histoires mettant le maire de New-York ou son alter ego à l’épreuve. Mitchell Hundred se retrouve ainsi juré d’un procès, doit faire face à l’apparition d’un héros qui affirme être l’héritier direct de La Grande Machine, découvre une page sombre de son passé familial, se souvient d’un ennemi capable de parler aux animaux et se trouve également confronté à une menace terroriste qui plane sur la ville.
L’histoire de cet idéaliste qui se rend compte qu’il y a d’autres moyens pour aider les gens que de porter un costume de super-héros et qui se retrouve dès lors confronté à des problèmes d’une toute autre ampleur, tels que la guerre en Irak ou la peine de mort, est construite de manière très intelligente. Multipliant les allers-retours, Brian K. Vaughan dévoile progressivement le passé du personnage, dont quelques révélations surprenantes de la part de sa mère. Ce procédé narratif qui invite à constamment voyager entre passé et présent permet de donner de l’épaisseur aux différents personnages au fil des pages, tout en insufflant du rythme à l’ensemble. Afin de garder le lecteur en haleine, l’auteur développe également plusieurs intrigues en parallèle, dont la recherche de l’identité de cet usurpateur qui se fait passer pour La Grande Machine ou la destinée de cette collaboratrice victime d’un attentat.
Visuellement, Tony Harris livre de l’excellent travail dans une veine très réaliste et offre beaucoup de lisibilité à l’ensemble. Si le découpage est certes un brin trop classique, il faut par contre saluer la mise en couleurs des planches. Notons finalement que les deux épisodes d’Ex Machina Spécial sont l’œuvre de Chris Sprouse, qui réalise également du bon boulot, tout en conservant l’unité graphique de l’ensemble.
Bref, « Ex Machina » est une saga intelligente, mêlant politique et super-héroïsme, qui invite à réfléchir sur la capacité des surhumains à aider les gens au quotidien. Une lecture fortement recommandée !