Il m'a fallu un peu de temps pour vraiment entrer dans ce roman d'Alessandro Baricco. Car Jasper Gwyn n'est pas un personnage très attachant : on ne sait pas grand chose sur lui et son désir d'arrêter d'écrire des romans n'est pas très claire. Quant à son idée de portraits écrits, elle est au début totalement opaque et incompréhensible. Au bout d'une cinquantaine de pages, Jasper met tout en œuvre pour la réalisation de son projet et rencontre une galerie de personnages intéressants : un agent immobilier, un compositeur de musique, un vieil artisan qui fabrique ses ampoules à la main, et surtout Rebecca, son premier modèle. C'est dans ses rencontres et ses relations avec les autres, notamment avec son ami Tom, que le héros du roman devient intéressant.
Il faut donc réussir à passer le début un peu hésitant, un peu long, pour accrocher au roman. Alessandro Baricco nous livre un récit intéressant, d'où ressort un humour subtil, typiquement anglais, dans quelques situations cocasses et un peu absurdes. Mais il garde aussi un ton plus sérieux, voire dramatique, et en nous pousse également à nous interroger sur l'idée de l'artiste et de l'Art.
"Jasper Gwyn disait que chacun de nous est la page d'un livre, mais d'un livre que personne n'a jamais écrit et que nous cherchons en vain dans les rayonnages de notre esprit. Il m'a dit que ce qu'il essayait de faire était d'écrire ce livre pour les gens qui venaient le voir. Il fallait réunir les bonnes pages. Il était sûr d'y arriver."
Mr Gwyn d'Alessandro Baricco est sorti en France en 2014 aux éditions Gallimard.