Néa, en bonne adolescente insouciante de quinze ans, fait le mur un soir pour rejoindre une fête en clandestinité. Lorsqu’elle reprend connaissance, dans un marais au fond d’un fossé, elle se rend compte que tout n’a pas dû se passer comme prévu. Même si elle ne garde aucun souvenir de sa soirée. Sur le chemin du retour, elle imagine que ses parents risquent de ne pas très bien l’accueillir. La stupéfaction avec laquelle ils lui ouvrent la porte n’est pas tout à fait ce qu’elle attendait. Car contrairement à ce qu’elle pense, elle n’est pas partie depuis quelques heures, mais depuis cinq ans. Elle doit alors reprendre les choses là où elles se sont arrêtées. Le lycée. Les amis. C’est alors qu’elle remarque quelques phénomènes étranges. Les animaux qu’elle croise, d’abord, qui l’observent avec attention sans la moindre frayeur. Les outils du médecin qui semblent avoir des ratés quand ils se posent sur elle. Et surtout, des morts étranges qui se multiplient autour d’elle.
J’ai été bêta-lectrice de ce roman et de sa suite et déjà, j’avais été bluffée. Ce roman qui a tout pour ressembler aux aventures fantastiques adolescentes si en vogue actuellement s’en démarque pourtant à tous les niveaux. D’abord parce que pour une fois, l’héroïne est une vraie ado, pas une de ces créatures idéalisées qui aime tout le monde et qui est pleine de bons sentiments. Néa est une vraie peste qui organise en l’absence de ses parents une grosse fête avec vomissements à côté des toilettes et couples nus dans la baignoire en option ou qui saute par la fenêtre sans se demander une seconde comment elle pourra revenir. Alors quand le trou de cinq ans fait d’elle une jeune femme, elle garde un fichu caractère qui lui permet de voler dans les plumes de tous les agresseurs qui vont se présenter.
Le rythme du roman est très soutenu: on commence par suivre, indice par indice, élément par élément, tout ce qui change dans la vie de Néa. Et au départ, ils n’ont apparemment pas de rapport les uns avec les autres et on s’amuse à essayer de comprendre, de reconstituer ce qu’est Néa exactement et surtout pourquoi. Car en parallèle de sa reprise de contact avec le monde, Néa essaye de comprendre, de se rappeler, de partir à la recherche de ceux qui l’ont laissée dans ce marais, et qui savent certainement ce qui lui arrive. Et ce qui commence par une étrange transformation s’achève par une course-poursuite haletante qui va nous mener sur les traces de gens bien plus glauques, bien plus inquiétants que les beaux garçons de son lycée, et qui va confronter Néa à la mort de bien des façons.
Tout cela, bien sûr, est soutenu par la plume toujours aussi agréable de Jean Vigne. Second degré et humour noir jalonnent le roman et évitent soigneusement tous les clichés du genre. L’héroïne ne se laisse jamais aller à la niaiserie ni à la platitude et garde toujours un regard lucide, voire cynique, sur ce qui lui arrive. Un bonheur.
La note de Mélu: un coup de cœur!
Trash, urbain, fantastique, rythmé et bien écrit.
Un mot sur l’auteur: Jean Vigne est un auteur français qui s’est illustré dans d’autres registres comme le thriller. D’autres de ses titres sur Ma Bouquinerie: