Saines lectures : Entrez dans la Légende

Par Be-Games @be_games
Culture

Publié le 6 juillet 2014 par Dottmungeer

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Saines lectures : Entrez dans la Légende

Quand un journaliste et videur de boîte de nuit prend la plume, on ne se doute pas forcément que cela peut faire des miracles. Bien sûr, c’est parfois nul. Mais parfois, il y a « Légende ».

Légende (David Gemmell)

Il ne fait pas bon vivre dans l’Empire Drenaï ces derniers temps. Ulric, chef de guerre des Nadirs, un peuple barbare et nomade, a réussi à unifier l’ensemble des tribus de sa nation, rassemblant 500 000 guerriers féroces et pas franchement rigolos. Bien décidé à rayer les Drenaï de la carte, son armée marche désormais vers Dros Delnoch, la forteresse soi-disant imprenable menant vers ledit Empire.

Six murs et une citadelle, voilà ce qui sépare les envahisseurs de leur cible. Trois mois, c’est le temps que les 10 000 soldats gardant la cité devront tenir pour espérer sauver leur patrie et survivre. Un, le nombre de personnes dont la défense dépend : Druss la Légende, un sexagénaire à la vie pleine d’aventures et de combats, attendant la mort dans sa maison en haut d’une montagne. Et la mort, Druss ne veut pas la subir par l’arthrite, mais par l’épée.

C’est sur cette base d’invasion et de désespoir que Légende prend place. Son auteur, David Gemmell, a connu, depuis ce livre, une notoriété plus que satisfaisante, enchaînant les best-sellers et les critiques positives.

On retrouve donc le thème très typique de la guerre et ses héros, classique de l’heroic-fantasy, mais cette fois sous un angle bien différent. Contrairement à des œuvres telles que « Les Chevaliers d’Emeraude », Légende nous parle d’une bataille perdue d’avance, menée par un général peu compétent disposant de soldats improvisés et dont l’issue dépend grandement d’un vieillard sur le déclin, malgré son étincelante réputation et ses beaux restes.

Le livre fait défiler les personnages atypiques, à l’image de Regnak, un guerrier effrayé par sa propre mort qui suit sa belle en luttant contre son envie de décamper, ou Druss lui-même, en proie à un doute permanent sur la finalité de sa vie, la valeur de celle-ci et subissant difficilement les affres de la vieillesse sous sa carapace de bretteur robuste à la volonté de fer. Il est d’ailleurs très intéressant de noter que la profondeur et la complexité de ces figures se développeront tout au long du roman. Ainsi, on ne peut que constater les changements auxquels Regnak est sujet, transformant peu à peu sa peur en courage et le faisant gagner en vaillance.

Il en est de même pour Ulric, à mille lieues de l’antagoniste aux noirs desseins et sans honneur. En dépit du masque de tyran que les défenseurs et nous-mêmes lui collons au visage, le chef de guerre n’est pas dénué d’une noblesse de cœur et de respect du code d’honneur, bien qu’il soit moins développé que les principaux protagonistes (et c’est bien dommage).

La tension est palpable et ce n’est que galvanisé par la présence d’un héros que l’armée Drenaï a le courage de se battre. La peur et l’incertitude sont magistralement illustrées et, très vite, le lecteur ressentira énormément d’empathie pour ces militaires, ces paysans volontaires, et l’image du soldat s’interrogeant sur la vacuité de la guerre et la finalité de son existence se formera rapidement dans son esprit. Dans Légende, il y a des morts, des traumatismes et des sacrifices, et l’on remercie l’auteur pour avoir choisi de se passer d’ellipses. Le parallèle avec l’expérience vécue par les participants à la seconde guerre mondiale apparaît comme une évidence, déplaçant le texte de David Gemmell du divertissement à la réflexion. Tous ces éléments vous dirigeront vers un final époustouflant et mythique, pour votre plus grand plaisir.

Dois-je le lire ?

Vous l’aurez compris, Légende, c’est 500 pages balayées par un souffle épique et une identité forte sous la direction d’une plume au talent non négligeable. L’émotion et l’aventure qu’il fait vivre à qui l’acquiert en font une lecture plus que recommandable. Au contraire d’un auteur comme Damasio, David Gemmell arrive à faire passer ses idées et son propos via une simplicité désarmante et une facilité de lecture à tout épreuve. À n’en point douter, passer à côté serait une erreur… à réparer dès maintenant !

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