Beauregard jour 2.
OK, on a eu de la chance vendredi, un jour de répit de grosse chaleur et de plein soleil, samedi les choses rentrent dans l'ordre : la pluie s'invite mais il en faudrait plus pour destabiliser les festivaliers qui décident de profiter du festival comme il se doit malgré ça.
L'ouverture de la journée est assurée par les très bons Samba de la Muerte, sur la scène A (la grande scène).
Alors que le temps est encore au beau fixe, le groupe s'installe devant un parterre de festivaliers encore clairsemé mais ceux qui ont eu l'énergie de se remuer pour assister au premier concert de la journée seront récompensés à la hauteur de leurs efforts.
Si je me lamente souvent ces derniers temps de la monotonie des nouveaux projets musicaux que je vois passer, aucun risque avec Samba de la Muerte. Mêlant des sonorités dépaysantes, africaines ou orientales, à un son electro envoûtant et souvent dansant, les caennais ont assuré un excellent concert, musicalement très riche et innovant. Ces garçons là méritent toute ton attention.
Révérence.
Autre scène, autre genre. Be Quiet prend la suite sur la scène B cette fois-ci. Originaires de Bordeaux, les jeunes musiciens de Be Quiet semblent mal à l'aise sur scène, comme un peu gênés d'être là.
Leur musique sur laquelle plane l'ombre du grand Ian Curtis, propose de jeter un oeil dans le rétroviseur en direction des 80's. Est-ce moi qui en ai définitivement soupé de tous ces projets ayant adopté cette direction musicale? Est-ce le contraste avec le set précédent qui m'a vraiment mis une bonne claque?
Toujours est-il que je n'arrive pas à accrocher même si le groupe développe une belle énergie pour convaincre le public réuni devant lui.
Distrayant.
Après une prise de parole pour soutenir le mouvement des intermittents assurée par Serge Tessot-Gay, le guitariste de Noir Désir, celui-ci fait découvrir au public de Beauregard, Zone Libre Extended, son nouveau projet, en duo avec Cyril Bilbeaud.
Les riffs de guitare acérés se mêlent aux sons africains et orientaux, réveillés par des passages hip-hop efficaces.
C'est vraiment bon et on en redemande.
Convaincant.
L'electro pop anglaise de We Have Band anime la scène B une bonne partie de la fin de la soirée.
Si Dede est un peu timide au départ, ce qui rend le set très statique, lorsqu'elle décide d'occuper l'espace en dansant joliment, le spectacle semble prendre une autre dimension. Semblant passer par de courts épisodes de transe extatique, elle rend le concert plus vivant.
Réjouissant.
Place ensuite au pop rock énergique de Foster The People.
Un sans faute pour le groupe qui semble parfaitement rôdé à l'exercice et propose un set pendant lequel Mark Foster ne ménage pas ses efforts et électrise complètement la foule lorsque vient le moment tant attendu de son "Pumped up kicks".
Galvanisant.
Chaque soir, à peu près au moment du repas, le festival a prévu un set plus "reposant" qui permet au public de dîner tranquillement en profitant d'un concert physiquement moins éprouvant que ceux qui l'encadrent dans la programmation. Après London Grammar vendredi soir c'est le duo Angus et Julia Stone qui doit assurer l'ambiance musicale du repas du soir ce jour là. Pour être tout à fait honnête, j'avais peur de rapidement sombrer dans l'ennui, la musique de ces deux-là n'étant pas forcément réputée pour faire bouger les foules.
De fait, Angus et Julia n'avaient a priori pas prévu de faire bouger Beauregard hier soir car leur setlist n'était pas du tout organisée en ce sens. Mais d'ennui, que nenni! Bien entendu la présence d'un banjo sur scène n'est pas étrangère à mon enthousiasme concernant le concert mais d'une façon générale il faut reconnaitre que les morceaux étaient de toute beauté et que la grâce de Julia se marie merveilleusement bien au timbre doucement rauque d'Angus.
Une torpeur enveloppante a gagné le public, constamment maintenu en éveil par les percées lumineuses ici d'un éclat de voix cristallin, là d'un passage instrumental à la délicatesse inouïe.
Béatitude.
Vanessa Paradis (qui a interdit les photos aux blogs) sur la scène A a réussi à réunir toutes les générations fédérées autour des nombreux tubes qu'elle a interprétés samedi soir. La voix très juste et placée (contrairement à ce que lui reprochent souvent ses détracteurs), elle assuré un set qui sonnait beaucoup plus rock que ce à quoi on pouvait s'attendre compte tenu de la couleur de son dernier album. Benjamin Biolay était présent à ses cotés au piano et l'a rejointe pour interpréter deux titres en duo.
Beau.
Place à Paul Weller ensuite. Véritable légende du pop rock britannique, il a d'abord joué dans The Jam et The Style council, deux groupes qui ont écrit l'histoire du rock anglais, influencant notamment Blur, Oasis ou Primal Scream. Souvent engagés, ses morceaux développent une belle énergie sur scène. Chantant les yeux souvent clos, l'homme semble presque "habité" sur scène.
Captivant.
"Si t'as pas entendu "Glory box" en live avant 50 ans, t'as raté ta vie" ai-je presque envie de lancer à la fin de ce concert d'anthologie qu'a été le set de Portishead a Beauregard.
Une expérience tellement bouleversante qu'il me semble presque difficile de mettre des mots dessus sans en amoindrir la force. Comment rendre compte de l'intrigante beauté de Beth Gibbons, qui tient autant à la pureté sidérante de sa voix qu'au recueillement profond dans lequel elle semble se plonger lorsqu'elle commence à chanter? Comment dire l'émoi ressenti pendant les morceaux interprétés par Portishead, l'intensité des ruptures de rythme, la douceur des nappes planantes, la volupté de ce concert intense qui a semblé monter en puissant tout le long du set?
Impossible, je crois, si bien que j'y renonce. Et que je n'ai qu'une chose à ajouter : Mettre en tête de la liste de tes priorités musicales la possibilité d'assister à un concert de Portishead. Obligé.
Bouleversant.
Je n'ai vu Fauve qu'une fois sur scène avant Beauregard, lors d'un de leurs premiers Bataclan. J'avais alors été saisie par l'énergie incroyable développée par un public presqu'en transe, qui scandait les paroles en vibrant au rythme des morceaux que le groupe servait avec une ferveur qui faisait honneur à sa réputation.
Mais force était de constater, alors, une certaine faiblesse vocale. Un live un peu bancal. Et pour tout te dire, je trouvais que ça participait complètement au projet, que c'était raccord. Que ces mecs qui avaient envie de porter haut leurs faiblesses assument le fait que le concert ne soit pas bien propre et lisse. Ca me semblait cohérent et même intéressant.
C'était donc en quelque sorte mes retrouvailles avec Fauve hier soir, sur la scène B du festival Beauregard.
Un set intense, vibrant, qui commence par un "De ceux" fiévreux. Les titres s'enchainent et la température ne descendra pas jusqu'au Blizzard final. Qu'on aime ou pas Fauve, on doit reconnaitre au groupe le talent de mobiliser les foules comme peu avant eux ont réussi à le faire aussi rapidement. Le brasier Fauve ne serait pour certains qu'un feu de paille. Peut-être, il est vrai qu'il est difficile d'imaginer le phénomène s'inscrire dans la durée mais au fond où est le problème?
Hier soir le collectif a assuré un concert riche en émotions, dense et intense. Les projections vidéos constantes, joliment travaillées, la puissance des titres interprétés, l'interaction intelligente avec le public (le groupe est un peu sur ses terres ce soir là et en joue malicieusement, drapeau normand à l'appui et anniversaire surprise d'un des membres du clan dignement fêté par LE cadeau par excellence : des tripes à la mode de Caen...), tout concourrait hier à faire du concert de Fauve un moment fort.
Etincelant.
Dernier jour aujourd'hui. Motivation à bloc. C'est parti!