Old Boy // De Spike Lee. Avec Josh Brolin, Elizabeth Olsen et Sharlto Copley.
Près de dix ans après le film original, Spike Lee s’attaque donc à un remake du film coréen du même nom de Park Chan-Wook qui est adapté d’un manga de
Tsuchiya Garon (1997). J’avais adoré la version coréenne, notamment car elle adoptait à la fois une violence et un style qui m’avait étonnamment plu. Mais au delà de ça, ce film,
qui a reçu le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes de 2004, était aussi une façon étrange et fascinante de parler d’une sujet particulièrement sensible dont
je vais éviter de vous révéler la nature, ce qui vous gâcherait forcément l’un des twists du film. Du coup, ce projet date de peu de temps après la sortie du film original et il apparait enfin
sur nos écrans. Quand un remake à mis autant de temps à accoucher, je dois avouer que je suis septique et j’ai eu mes raisons de l’être. Spike Lee est passé par là et a changé
quelques éléments du film original. A commencer par le discours, transformé afin de le rendre raccord avec notre société ou encore le fait que le scénario ne soit peut-être pas aussi virulent que
le film original. On a parfois un film qui perd donc l’âme de l’original mais qui tente d’y revenir grâce à l’utilisation d’un visuel très asiatique (les scènes de combat, les rues glauques et
sales laissant penser à l’Asie, etc.).
Fin des années 80. Un père de famille est enlevé sans raison et séquestré dans une cellule. Il apprend par la télévision de sa cellule qu'il est accusé du meurtre de sa femme. Relâché 20 ans plus
tard, il est contacté par celui qui l'avait enlevé...
Sauf qu’il est difficile pour Spike Lee d’être l’égal de Park Chan-Wook. Le réalisateur américain peine vraiment à sortir quelque chose d’intéressant ces
dernières années. J’ai l’impression qu’il n’a pas réussi à faire un bon film depuis son Inside Man qui date tout de même de 2006. Surtout que le réalisateur tente de coller justement à
Park Chan-Wook par moment et c’est tout simplement ce qu’il n’aurait jamais dû faire (notamment quand il adopte un style très art martial à certains moments). Si cela aurait pu
être intéressant d’un côté, il aurait alors fallu que le film assume ce style tout au long et pas seulement lors de quelques passages (qui ne sont pas vraiment clés non plus). C’est là que
Spike Lee tombe dans le plan par plan ennuyeux. C’est bête car à côté on a tout de même un joli casting à commencer par Josh Brolin (W) qui se
trouve être bien plus compétent que l’on aurait certainement pu le penser ou encore un Samuel L. Jackson (Avengers), cet acteur que l’on a beau voir de partout
mais qui parvient malgré tout à être différent à chaque fois. Par ailleurs, le film tente alors d’étoffer un peu le film original en ajoutant quelques trucs ici et là. Sauf que cela ne colle pas
toujours. Surtout que l’on a l’impression que c’est uniquement là pour faire durer le film plus longtemps (et pourtant, on ne peut pas dire que l’on soit étouffés par la durée).
Du coup, Old Boy n’a finalement pas grand chose de très intéressant. C’est sympathique si l’on n’a pas vu l’original, il y a avant tout de bons twists mais c’est pellotracté et
franchement, on ne peut pas dire que cela soit non plus ce que le cinéma hollywoodien peut faire de plus inspiré en termes de remakes. C’est même décevant de ce point de vue là. Alors oui, le
sujet osé en sciera certainement plus d’un sur place et donnera peut-être envie de voir le film original (c’est en tout cas tout ce que j’espère puisque ce dernier mérite amplement sa récompense
cannoise). La violence assez crue, quelques excès de mise en scène (le travelling notamment, grand effet de style utilisé à merveille dans le premier, recopié ici à la lettre), tout ça participe
forcément au plaisir du spectateur mais était-ce vraiment nécessaire de faire un remake d’un tel film ? J’en doute. Il y a énormément de choses à piocher dans le cinéma asiatique mais
Spike Lee aurait pu uniquement s’en inspirer et délivrer un film au style asiatique mais sans pour autant faire un remake. Surtout que la base de Old Boy, bien
que tirée par les cheveux, reste intelligente (surtout qu’il faut attendre la fin pour comprendre pourquoi tout ça).
Note : 4/10. En bref, Spike Lee rate son remake.
Date de sortie : 1er janvier 2014