Ce nouvel essai compare les résultats des 2 médicaments utilisés, l’héparine et la bivalirudine pour prévenir la formation de caillots de sang pendant le traitement d’urgence de la crise cardiaque. L’analyse suggère que l’utilisation de l’héparine, 400 fois moins chère que la bivalirudine, permettrait non seulement des économies de plusieurs millions sur les coûts de santé mais sur un plan médical aussi, se traduirait par de meilleurs résultats pour les patients. . Ses conclusions, présentées dans le Lancet, révèlent ainsi, avec l’héparine, une réduction du taux de récidive des crises cardiaques.
Cet essai, mené à l’hôpital de Liverpool a suivi 1.829 patients ayant subi une angiographie d’urgence et dont 80% ont subi une angioplastie. De ces patients, 50% ont reçu l’héparine, 50% la bivalirudine. Les chercheurs ont ensuite suivi ces patients, durant 28 jours après l’intervention, pour les événements cardiaques majeurs, comme une nouvelle crise cardiaque.
L’analyse constate,
· un taux global d’événements cardiaques majeurs significativement plus faible dans le groupe « héparine », bien que ce taux soit faible, dans les 2 groupes.
· Ainsi, dans les 28 jours de suivi,
- 46 patients du groupe bivalirudine sont décédés vs 39 dans le groupe « héparine »,
- 24 patients du groupe bivalirudine ont eu une autre crise cardiaque vs 7 dans le groupe héparine,
- alors que les complications hémorragiques sont un risque reconnu des antithrombotiques, il n’y a ici aucune différence significative du taux de complications entre les 2 groupes.
Le Dr Rod Stables, auteur principal de l’étude souligne que c’est l’un des premiers essais reproduisant les conditions de la vraie vie et que ses résultats suggèrent que d’héparine y trouve un avantage certain sur la bivalirudine en particulier en termes de risque de récidive.
Ensuite, selon l’auteur et d’autres experts qui s’expriment sur ces résultats, à supposer que les bénéfices des 2 médicaments aient été finalement évalués comme similaire, cet essai aurait tout de même « marqué une victoire » pour l’héparine. Car le médicament coûte 400 fois moins cher que son challenger.
Un petit « hic » : La communauté médicale a souligné le recours dans cette étude au consentement différé des patients qui n’ont connu, qu’après coup, le médicament reçu. Une méthodologie peu conforme à l’éthique médicale, disent certains, en dépit du coup, de sa proximité avec des conditions de vie et de pratique médicale quotidiennes. Cependant, en matière d’urgence, on ne demande pas toujours son consentement éclairé au patient…
Source: The Lancet 5 July 2014 doi:10.1016/S0140-6736(14)60924-7 Unfractionated heparin versus bivalirudin in primary percutaneous coronary intervention (HEAT-PPCI): an open-label, single centre, randomised controlled trial