Le sanglier est un habitants bien mystérieux de nos forêts. Bien que les traces de son passage sont souvent bien visibles dans les champs ou les sous-bois (au grand dam des agriculteurs qui lui vouent une inimité particulière), l’animal ne se fait voir qu’en de rares occasions à la lumière du jour.
Fréquentant régulièrement les forêts du Val-de-Travers, je n’avais jusqu’alors pu photographier le sanglier qu’à une seule reprise. Le suidé a appris à se méfier d’un homme qui ne lui veut pas que du bien pour le punir des dégâts réels (parfois un peu exagérés) qu’il produirait sur les surfaces agricoles ou par simple plaisir de l’occire entre amis dès l’automne arrivé… Doté d’une ouïe et d’un flair affûtés, le sanglier est en permanence sur ses gardes et détecte la présence d’un danger potentiel à bonne distance. Au moindre doute, il n’hésitera pas à prendre la fuite pour éviter une rencontre potentiellement fatale.
En balade quelque part dans un pâturage boisé du Val-de-Travers, j’espérais débusquer un renard ou un chevreuil, mais n’aurait jamais parié sur une rencontre avec une joyeuse troupe de marcassins!
Les quatre petits êtres rayés sortis du bois courant dans ma direction étaient bien dissimulés dans les hautes herbes, ce qui les rendait difficilement reconnaissable. Lorsque le premier groin émergea, le doute n’était plus possible: c’était bien un petit groupe de quatre petits marcassins qui s’ébattaient à quelques mètres devant moi! La surprise passée, je me suis fais le plus discret possible et ait commencé à faire quelques images. Les bêtes rousses en devenir se sont progressivement approchés d’un lopin de terre fraîchement retourné par leurs aînés durant la nuit afin de rechercher quelques vers à se mettre sous la dent. La scène aura duré une petite dizaine de minutes avant qu’un des petits marcassins ne profite d’un changement de vent pour flairer mon odeur et sonner la retraite en direction de la forêt.
Bien que guettant sa venue, la laie ne s’est pas montré mais se tenait sans doutes non loin de là pour veiller sur sa progéniture…
Val-de-Travers, le 6 juillet 2014