L’Association pour la Création Littéraire chez les Jeunes s’interroge sur sa faible pénétration des milieux scolaires francophones

Par Dedicaces @Dedicaces

L’Association pour la Création Littéraire chez les Jeunes s’interroge non seulement, sur sa faible pénétration des milieux scolaires alors qu’elle a une large audience dans d’autres milieux socio éducatifs, mais son question- nement se poursuit encore à cause de l’engouement des pays non francophones à partager la réalisation de ses projets. L’ACLJ s’adresse à toute personne et organisme, dans les pays francophones et francophiles, sensibles à une approche éducative non traditionnelle, fondée sur des liens intergénérationnels et multiculturels et destinée d’abord aux jeunes de 5 à 25 ans dont le français est la langue principale ou seconde et également aux personnes plus âgées en démarche d’alphabétisation ou en cours d’apprentissage du français comme langue seconde. Au cours de nos dix ans d’existence, nous avons touché ainsi plus d’une vingtaine de pays répartis sur les cinq continents.

Le processus de cette approche est d’abord basé sur la mise en valeur et de la réalisation des projets des jeunes en lecture et en écriture du français, toujours accompagnés de leurs illustrations. Les jeunes pourront se reconnaître dans ces projets et partager leurs œuvres avec les francophones et les francophiles que l’ACLJ rejoint, grâce à son réseau de collaborateurs et à ses outils de diffusion, comme le bulletin et son site Internet, de même qu’avec les centaines de personnes et d’organismes, dont vous faites peut-être partie, qui diffusent abondamment nos communications et nos projets.

Durant ces dix années, les projets les plus substantiels, les plus porteurs et les plus nombreux nous sont venus d’Afrique. Une large participation vient également de pays dont le français est loin d’être la première langue parlée ou utilisée couramment comme : la Roumanie, l’Espagne, l’Argentine, l’Uruguay, la Chine, l’Inde, les États Unis.

Nous allions passer sous silence les pays francophones car, paradoxalement, dans ces pays, les projets ont été beaucoup moins nombreux. Et pourtant, de magnifiques projets y ont été réalisés. Ils ont tous un point commun : leur implantation dans des milieux fréquentés par des personnes exclues, marginalisées, en grande difficulté d’apprentissage.

Comment se fait-il que l’ACLJ ait eu si peu d’occasions de pénétrer le milieu scolaire dans les pays francophones? Nous avons abordé cette problématique avec des collaborateurs de plusieurs pays africains. Ils ont eux-mêmes constaté ces mêmes difficultés. S’agirait-il d’une fermeture systématique de la part du milieu scolaire, face à des collaborations extérieures à leur réseau, à leur école ou à leur classe ?

L’ACLJ a la chance d’avoir développé un réseau de collaborateurs très impliqués qui ont su reconnaître en notre organisme un levier capable de les accompagner dans leurs démarches. Ces collaborateurs valorisent d’abord l’importance de l’effort et de la qualité de la langue française en mettant l’emphase sur la collaboration, la complémentarité des compétences pour aboutir à un résultat ; puis, en reconnaissant le travail des jeunes avant leur performance et  la mise en valeur ainsi que la diffusion de leurs réalisations en les rendant publiques.

Cette connivence avec l’ACLJ peut se retrouver principalement dans des centres à l’écoute des jeunes et dans des milieux riches d’animateurs entreprenants, acceptant de prendre des risques dans la réalisation de leurs projets puisqu’ils pouvaient évoluer dans les structures moins contraignantes d’un programme dont le contenu n’avait pas à être enseigné. Dans les pays francophones, cet accueil s’est fait  parmi des clientèles marginalisées. Que ce soit par exemple, parmi des jeunes avec des troubles envahissants du développement ou présentant des retards scolaires, avec des enfants non encore scolarisés ou avec des jeunes et des moins jeunes, nouvellement intégrés dans leur nouveau pays avec leur première langue, étrangère au français et enfin, avec des personnes en démarche d’alphabétisation.

De nombreux collaborateurs dans plusieurs pays africains, ainsi qu’en Haïti, ont accueilli l’ACLJ avec beaucoup de considération, réalisant que notre organisme peut leur offrir plusieurs opportunités, comme une forme de reconnaissance de l’immense effort consenti par chacun d’eux pour proposer à leur jeunes la chance de participer à des projets qui les motivent pour s’investir dans l’apprentissage de cette langue, le français. Cette langue n’est généralement pas leur première langue mais elle leur permet d’accéder à une meilleure scolarité, c’est une porte d’entrée pour décrocher un métier, l’occasion d’être accompagnés dans leurs démarches par un organisme qui reconnait les immenses sacrifices accomplis pour léguer à ces jeunes un héritage culturel ouvert à l’espoir de les faire sortir un jour des difficultés économiques dans lesquelles ils vivent tous, dans leur quartier, dans leur région, dans leur pays.

C’est peut-être pour ces raisons que l’ACLJ reçoit un accueil si chaleureux dans ces milieux qui veulent changer leurs conditions de vie…

Dans bien des cas, le tribut pèse lourd car, pour la mise en place des projets, il est clair que les moyens financiers des collaborateurs africains ne sont pas au rendez-vous ! Tous savent que l’ACLJ ne dispose d’aucun moyen de financement et que le soutien qu’elle peut leur apporter est de l’ordre de l’écoute, du soutien pédagogique, de la recherche de solutions convenant à leurs moyens et, par-dessus tout, d’un appui inconditionnel pour mettre en valeur les réalisations des jeunes africains afin de pouvoir les rendre publiques et de les diffuser dans le réseau de l’ACLJ.

Ce respect mutuel est basé sur des échanges, privés de toutes considérations économiques et sur la recherche commune de solutions permettant aux jeunes de s’épanouir et d’être reconnus pour leurs efforts et ce, avant même l’acquisition de connaissances ou même de compétences. C’est pourquoi ce type de relation  est peut-être plus difficile à retrouver dans des milieux plus structurés tels que des écoles primaires, secondaires ou des institutions post-secondaires.

Et pourtant, toutes les expériences en milieu scolaire ont été d’une très grande richesse, tant sur le plan pédagogique qu’au niveau de l’estime de soi et du plaisir dont les jeunes ont témoigné. Rappelons le dernier projet en date que nous évoquions dans le dernier bulletin : cinq classes d’une école de niveau primaire, réussissant à élaborer et à illustrer, en moins de 45 minutes chacune, cinq contes axés sur l’éco-responsabilité.

Il faut sortir des sentiers battus en offrant une pédagogie qui déroge parfois un peu de la routine centrée sur le contenu pédagogique prescrit et tout digéré dans les livres fournis à l’élève. Pour cela, il faut des pédagogues un peu marginaux, qui n’ont pas peur de faire fi de ces directives imposées et qui se mettent à l’écoute des besoins  de leurs apprenants et savent les provoquer pour leur offrir une approche qui les tiendra en haleine pour mettre à profit les compétences de chacun et pour réaliser un projet porteur. Des efforts seront certainement exigés qui dépasseront parfois le cadre scolaire en proposant à chacun, aux élèves, aux professeurs, et même à des collaborateurs extérieurs comme des parents ou des grands-parents,…, un projet porteur mobilisant toute une communauté qui sera fière d’avoir apporté sa pierre à l’édifice.

Mais laissons retomber la poussière, tout en la soulevant quand même un peu avec nos questions… Aujourd’hui, combien de nos structures scolaires pourraient accepter un tel débordement ? Sûrement plus qu’on ne le pense, à condition de changer un tant soi peu cette rigidité institutionnelle qui affecte le milieu scolaire. Des enseignants, entreprenants, dynamiques et soucieux de l’épanouissement de leurs élèves, sont pléthore, mais les systèmes scolaires les enferment dans une approche standardisée prescriptive qui ne leur permet pas de profiter de l’énergie de la jeunesse comme d’un levier pour exploiter le potentiel de chacun. Naturellement, les plus entreprenants sont les jeunes et ils ont des idées ; les plus timides ou les moins performants aussi, pourvu qu’on leur donne la parole et qu’ils se sentent le droit de la prendre.

C’est ainsi que, dans des contextes moins structurés, des projets ont émergé pour faire réfléchir les jeunes sur des besoins locaux, régionaux, internationaux ; pour donner la parole à des personnes qui avaient beaucoup à dire mais que l’on avait tendance à exclure comme des aînés ou des adultes ne sachant ni lire, ni écrire ; comme des autistes ou des jeunes en situation d’échec scolaire et même, des personnes en attente d’un statut d’immigrant. C’est ainsi que de nombreux jeunes et moins jeunes ont appris à lire et à écrire. Surtout à y prendre du plaisir en s’impliquant dans leur milieu et en apprenant à vivre, tout simplement.

En conséquence, des jeunes et des moins jeunes ont pu témoigner de leurs conditions inacceptables du point de vue de leurs droits humains grâce à des collaborateurs très impliqués sur le terrain, certains allant même jusqu’à organiser un voyage à leurs frais pour se rendre dans divers pays parmi les enfants de la rue.

Ces pédagogues un peu marginaux ont réussi des exploits qui ont permis à des centaines de jeunes la composition de textes et d’illustrations d’une immense richesse, tous recueillis dans la Bibliothèque virtuelle de l’ACLJ.

Il est pareillement possible de recueillir des textes d’une grande valeur parmi les jeunes que l’on rencontre dans les milieux scolaires traditionnels. Dans la mesure de ses moyens, l’ACLJ est prête à accueillir leurs enseignants pour les accompagner dans une telle démarche.


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