Interview : Stanislas

Publié le 05 juillet 2014 par Lemediateaseur @Lemediateaseur

Stanislas a sorti en avril dernier son troisième album intitulé Ma solitude. Nous vous proposions d’écouter ici le premier single éponyme.

Appréciant son univers, nous avons voulu croiser la route de l’artiste pour en discuter, et grand bien nous en a pris car c’était une rencontre marquante et très agréable.

Découvrez son contenu ci-dessous, en espérant que vous apprécierez aussi.

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Bonjour Stanislas,

Votre nouvel album Ma solitude est décrit dans le dossier de presse comme le plus ambitieux, pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Je ne veux pas que le mot ambitieux soit mal compris, c’est surtout le plus exigeant. J’ai eu ici une exigence envers moi-même qui était jusqu’au-boutiste. Le premier album, c’était un disque de circonstances. Dès le départ, je voulais faire des chansons pour les autres. Beaucoup d’artistes avaient trouvé mes titres pas mal mais pas pour eux, et tout d’un coup je me suis dit : « mon travail, il faut peut-être que je le sorte moi-même ». Je n’ai même pas compris pourquoi l’album a fonctionné. Le suivant était beaucoup plus cérébral et sous influence car il fallait faire un deuxième album et il y avait le doute de savoir si j’allais être compris comme le premier. Et pour ce troisième, je n’ai écouté personne. Le seul à m’avoir donné un bon conseil est mon directeur artistique qui m’a dit : « fais ce que tu es ». Mais c’est à la fois très simple et très compliqué car pour faire ce que l’on est, il faut savoir qui on est, donc ça passe par un temps d’introspection et de solitude pour comprendre ce qu’on a vraiment envie de dire musicalement et ne pas refaire les derniers sons que l’on vient d’entendre.

Comment est venu au final ce nouveau style musical ?

Certains rythmes électro se marient très bien, notamment au cinéma, avec l’orchestre et on ne le voit jamais en pop. Je me suis dit que c’était un mode d’expression qui pouvait me convenir et comme j’avais fait un album électro et un album symphonique j’ai essayé de mélanger les deux.

Comment créez-vous de manière générale ?

Dans l’ordre, je me promène sans instruments et mes thèmes musicaux me viennent. Parfois je prends mes textes avec moi et je les lis à haute voix dans la forêt pour voir quelle est la musique intérieure du texte. Ensuite, j’essaye de ne jamais trahir toutes ces images que j’ai lorsque je me retrouve seul face à un petit piano, et ce piano, c’est la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, c’est-à-dire qu’en jouant trois notes, j’entends un orchestre. Il y a quelque chose de sacré dans ce travail. Certains artistes aiment décrire le quotidien des choses intellectuelles, c’est leur art, le mien est de faire, à ma façon, une musique sacrée sans religiosité définie.

Vous sortez de l’aventure en groupe avec Circus, travailler en solo est-il vraiment différent ?

Travailler en solo, c’est développer son monde intérieur et avoir un ami imaginaire. Ce n’est pas la même musique que l’on propose en groupe dans l’échange, ce n’est pas ni mieux ni moins bien, c’est vraiment autre chose. Il y a une magie qu’on trouve à faire du ping-pong avec d’autres musiciens, par exemple, le génie de la musique des Stones c’est le bordel des répétitions organisées par Mick Jagger, avec les riffs de Keith Richards et le talent des autres et cette musique-là, je serai totalement incapable d’en écrire le début car c’est une musique de groupe. À l’inverse, et j’ose le dire, je crois que Keith Richards serait incapable d’écrire ma musique car il n’est pas dans mon monde intérieur.

Vous vous êtes entouré encore une fois d’auteurs talentueux, leur donnez-vous des consignes sur les thèmes par exemple ?

Aucune. Pour ce qui est des auteurs que je connaissais déjà, on a fait quelques sessions en Bretagne dans ma maison de famille, soit pour écrire pour d’autres, pour moi ou simplement pour prendre l’air. Ceux-là me connaissent, connaissent mes états d’âme et on n’a pas besoin de beaucoup parler. Et les nouveaux avec qui j’ai travaillé, c’est surtout des coups de cœur qui viennent de moi, pour leur personnalité et leurs textes et ce sont essentiellement des gens que j’ai rencontrés au travers d’ateliers que j’ai faits pendant quatre ans. C’était une manière pour moi de leur montrer que j’avais confiance et envie de faire découvrir leur texte.

Vous avez également travaillé sur le son avec Sylvain Moreau, un spécialiste du sound-design, pouvez-vous nous en parler ?

Pour parler encore de cinéma, parfois certains thèmes simples d’orchestre sont sublimés par des bruitages ou par ce qu’on appelle le sound-design. Je me suis mis en quête de quelqu’un qui pourrait m’aider à faire cela pour l’album et on a travaillé conjointement avec Sylvain qui est un compositeur, bruiteur et sound-designer de musiques de films et de documentaires qui fait ses bruitages lui-même. Il est aussi dingue que moi dans son domaine et donc c’est un plaisir de travailler avec lui, c’était une rencontre déterminante pour cet album et sûrement pour la suite car on s’entend très bien.

L’album est porté par le single éponyme Ma solitude, êtes-vous content de son accueil ?

Certaines personnes qui connaissent déjà mon travail me disent qu’ils me retrouvent donc, à la fois, ça me fait plaisir et déplaisir dans le sens où ça donne l’impression qu’ils m’avaient perdu. Après, ce n’est pas une chanson simple, ultra radiophonique avec deux rythmes et je retrouve un peu ce doute et cette joie de l’accueil qui prend son temps que j’avais eu avec Le manège. J’ai eu très peu de radio pour ce titre et c’est une chanson qui est restée. Et Ma solitude ne touchera pas forcément tout le monde, mais ceux qu’elle touchera, je pense qu’elle les touchera pour de vrai.

Ce titre bénéficie d’un très beau clip (à voir ci-dessous), vous êtes-vous impliqué dans sa création ?

Je ne me suis pas impliqué dans le scénario en lui-même, mais j’ai beaucoup parlé à la metteuse en scène qui s’appelle Myriam Roehri. On a beaucoup échangé sur le fait que je voulais que les images autour de l’album racontent quelque chose de simple, beau, allégorique et que ce ne soit pas pathétique. Il fallait qu’il y ait une beauté française foisonnante et lumineuse comme les grands compositeurs ou peintres français. Myriam nous a fait un clip qui est, je trouve, très nouvelle vague quelque part, et cela donne une lumière à cette chanson qui pouvait, si on ne lisait que le titre, laisser penser que c’est une chanson triste, alors que pas du tout. Et Juliette Gernez, de l’Opéra de Paris, est somptueuse et d’une grâce folle sans être dans la caricature du tutu.

Y a-t-il déjà des dates de prévues afin de proposer ce disque au public ?

Non, car je cherche en moi, encore une fois, les images que je veux montrer et j’essaie de me projeter sur scène. Je n’ai pas envie d’y monter de manière automatique. L’idée est en train d’arriver, et dès qu’elle sera là, j’aurai furieusement envie de la mettre en pratique le plus vite possible donc il faut que je me dépêche pour ne pas être sur scène dans trop longtemps, le temps d’organiser les dates.

Le Mediateaseur remercie Stanislas pour cette rencontre vraiment fort intéressante avec un artiste passionné et passionnant.

Son album Ma solitude est disponible dans les bacs et nous vous préviendrons lorsque les dates de tournée seront connues.