Frantic - 8/10

Un film de Roman Polanski (1988 ) avec Harrison Ford, Emmanuelle Seigner, Betty Buckley, John Mahoney

Palpitant.

L'histoire : Le cardiologue américain Richard Walker arrive à Paris avec sa femme pour intervenir dans une conférence. Arrivés à l'hôtel, ils commandent un petit déjeuner, téléphonent aux enfants à San Francisco, bavardent, s'aperçoivent que l'une des valises n'est pas la leur et appellent la compagnie aérienne... Puis Richard va prendre sa douche. Lorsqu'il en ressort, sa femme a disparu. Les gens de l'hôtel, goguenards, lui font comprendre qu'elle avait peut-être une connaissance à Paris... les flics ne l'accueillent guère mieux... et l'ambassade américaine lui rappelle que les Français sont maîtres chez eux. Alors Richard, de retour dans sa chambre d'hôtel, fou d'inquiétude, regarde soudain la valise qui n'est pas à eux : c'est sans doute d'elle que viendra la clé du mystère. Il l'ouvre et ne trouve comme seul indice qu'un numéro de téléphone, celui d'un certain Dédé... Mais il ne parle pas un traître mot de français.

Mon avis : Un superbe thriller qui tient en haleine jusqu'à la dernière minute. Avec des personnages vraiment attachants et un duo improbable, Harrison / Emmanuelle, qui fonctionne pourtant à merveille, jouant sur plusieurs contrastes : âge, milieu, nationalité, caractère, avec une grande habileté puisqu'on adore les voir ensemble ! Il lui apporte une sorte de sécurité, elle lui donne sa fraîcheur et sa spontanéité. Dommage que l'homme soit déjà marié... Car un léger trouble est là, très subtil, augmentant la tension !

Enfin bref. Frantic n'est pas une histoire d'amour, ne nous égarons pas ! Mais j'ai vraiment adoré les acteurs. Emmanuelle avait vingt-deux ans...

L'histoire est devenue classique et on a depuis vu mille versions : un échange de valises qui tourne mal, parce que celle que vous récupérez appartient au grand banditisme, voire au terrorisme international. Mais à cette époque, je me souviens que toute l'intrigue m'avait beaucoup marquée. Et le suspense est intense ; Walker débarque des Etats-Unis, il est donc en jet lag... et pourtant il enquille les nuits sans sommeil à courir Paris dans tous les sens à la recherche de sa femme, et sans connaître la langue. On sent son épuisement, sa détresse, mais aussi sa détermination.

La réalisation est rythmée, intense, l'ambiance sombre et angoissante, les Parisiens assez mal embouchés dans l'ensemble (on est connu pour ça, non ?)... il y a fort à parier que nos deux Américains ne remettront plus jamais les pieds chez nous !

La seule chose qui prête à sourire, c'est l'anglais de nos bons vieux Frenchies : il est parfait, à part l'accent. Ce qui est impossible. Pour le personnage de Michelle, on peut supposer, pourquoi pas, vu l'oiseau sauvage qu'elle est, qu'elle a vécu quelque temps aux States ou en Angleterre. Elle ne fait aucune faute et connaît tous les gros mots. Soit. Les gars de l'hôtel, ça passe aussi... métier oblige ; ceci dit, je travaillais dans les langues, et des vrais bilingues, je peux vous dire que c'est hyper rare ! Quant aux flics, aux méchants, tout le monde... trop c'est trop ! Pour rendre l'affaire plus vraisemblable, Roman aurait dû leur faire faire des grosses fautes et hésiter parfois sur le vocabulaire. Ca m'a fait bizarre.

Mais bon... excellent film, on ne va pas chipoter ! D'autant que ce détail n'aura sans doute été remarqué que par les linguistes passionnés !