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Qui s'attendait à une exposition aussi classique et conventionnelle après la communication ludique de la RMN Grand Palais ? Car Auguste ressuscité pour l'occasion sur Twitter, nous avait habitués à un parler djeun's et à un regard très contemporain sur l'Antiquité. La façade elle-même se donnait des airs de ruine moderne grâce à Pierre Delavie. Et que trouve-t-on à l'intérieur ? Une exposition tout ce qu'il y a de plus habituel : scénographie sobre voire minimaliste, cartels et panneaux explicatifs scientifiques, œuvres sans surprise. Bien entendu, ça ne m'a pas déplu (on parle d'Antiquité romaine, un de mes dadas, avec des œuvres intéressantes et bien exposées) mais je m'attendais à plus d'innovations. Parce que l'appli qui te propose un selfie façon statue d'Auguste ou monnaie romaine, je trouve ça moyennement intéressant.
Tant pis pour la com' de l'expo et rentrons dans le vif du sujet ! Comme Joséphine, il s'agit d'une "expo anniversaire" (le bimillénaire de sa mort tout de même). Mais celle-ci est plutôt très complète. Elle revient sur le contexte politique de l'accès d'Auguste au pouvoir et sur la mise en place de l'Empire. Il y est question de la diffusion de l'image impériale, de l'aménagement de Rome (l'art au service du pouvoir) et de la pacification des provinces. Par ailleurs, la vie privée des élites du Ie siècle nous est dévoilée à travers plusieurs objets luxueux dont le Trésor de Boscoréale, bien plus visible dans ces vitrines blanches que dans sa grande vitrine sombre du Louvre. Certes, ce n'est pas directement lié à l'empereur mais je ne trouve pas choquant qu'on ajoute un peu de contexte pour que le visiteur comprenne bien dans quel type de société il se trouve. Je regrette qu'il ne soit pas plus question de la vie quotidienne du peuple ou des provinces, mais bon, il s'agit d'une expo sur l'empereur... A travers plus de 200 objets, dont le superbe Auguste de Prima Porta ou les reliefs d'Actium, le visiteur est immergé dans une ville en pleine mutation, qui se relève de guerres civiles et étend son influence sur quarante provinces. Cette exposition donne un bon aperçu de l'art augustéen, très inspiré par les modèles grecs, et de son utilisation très politique. Elle documente remarquablement les débuts de l'Empire et, si Auguste est finalement assez discret, elle met en perspective ses actions qui fondent la politique romaine pour plusieurs siècles.