Ainsi, le volet préventif de la solution est, a priori, relativement classique et en rappellera d'autres. A partir d'une mesure des paramètres de conduite (accélérations et freinages, prises de virage, régimes moteur…), le logiciel produit des « notes » de sécurité et d'impact environnemental. Pour l'instant, celles-ci peuvent seulement être partagées sur les réseaux sociaux ou utilisées à des fins d'auto-évaluation. Demain (c'est-à-dire au deuxième trimestre 2015, quand les données de référence auront été analysées), les assurés les mieux notés pourront également bénéficier de réductions de tarifs.
Le modèle mis en œuvre par Allianz comporte cependant deux particularités notables. Tout d'abord, contrairement aux autres expériences en cours en France et à une tendance émergente dans le monde (citons le cas d'Aviva au Royaume-Uni), qui s'appuient exclusivement sur les capteurs des « smartphones », la compagnie fournit à ses assurés un petit accessoire à connecter au port diagnostic de leur véhicule, afin de collecter les paramètres de conduite. La principale raison évoquée pour ce choix est le niveau de fiabilité et de précision des mesures.
L'autre originalité de l'approche, notamment par rapport à celles des compagnies américaines pionnières – telles que Progressive – adeptes de l'UBI (« Usage-Based Insurance » ou assurance basée sur l'usage), est que ce boîtier a vocation à être installé à demeure et à fonctionner en permanence, et non uniquement pendant une période d'évaluation destinée à ajuster le devis fourni au client. En réalité, ces différences s'expliquent aisément lorsqu'on aborde la seconde mission de l'application : l'assistance.
En effet, l'accessoire de mesure associé au téléphone de l'utilisateur constitue un formidable outil de protection pour les conducteurs. Lorsqu'il détecte un choc ou une décélération brutale, un conseiller (de Mondial Assistance) tente immédiatement de joindre l'assuré et, en cas de non réponse, déclenche l'envoi des secours vers le lieu de l'accident supposé, localisé par le smartphone hébergeant l'application. Moins grave mais tout aussi pratique, en cas de panne (avérée ou imminente), un simple appel va suffire à mettre en place toutes les prestations nécessaires pour venir en aide à l'automobiliste.
Clairement, ces services ne peuvent être raisonnablement envisagés que si la fiabilité de l'information recueillie est élevée (il ne peut être question de lancer une alerte chaque fois qu'un téléphone tombe d'une poche !) ce qui justifie largement l'installation d'un boîtier dans le véhicule. Mais on réalise alors que l'assistance est la vraie raison d'être de l'application, puisqu'elle offre aussi à Allianz un modèle économique en or (l'option sera facturée 50 euros par an). L'évaluation de la conduite et les promesses de réduction de primes sont finalement des « bonus », destinés à séduire les clients.
Dernier point, comme toujours lorsque sont en jeu des données personnelles sensibles, surtout en France, il existe un risque majeur de mauvais accueil par le grand public, susceptible de s'inquiéter, a minima, que des paramètres de conduite défavorables puissent avoir un impact négatif sur leur contrat, quel que soit l'engagement de la compagnie à ne pas exploiter les informations collectées à d'autres fins que celles indiquées. Heureusement, Allianz a, dans une certaine mesure, pris les devants, en validant l'ensemble de sa démarche avec la CNIL. Cela suffira-t-il à rassurer ?
Quoi qu'il en soit, cette nouvelle application (avec une seconde, Mon Allianz Mobile, présentée en même temps et consacrée, en résumé, à la gestion des contrats) représente une nouvelle démonstration du dynamisme qui s'est emparé de l'assurance depuis quelques mois. La promesse de transformation « digitale » de la plupart des acteurs du secteur semble décidément en bonne voie de devenir réalité, tout en prenant des formes multiples et variées…