Ni vous ni moi ne connaissions cette Fabienne-là. Elle avait 34 ans, elle était maîtresse d’école à Albi, dans le Tarn. C’est joli Albi, on se dit que la vie doit y être douce.
Ce matin, dernier jour de classe, aurait du être un moment aussi agréable que les berges du Tarn en ce début d’été. Les enfants, heureux des vacances si proches, n’auraient sans doute pas chanté, car trop ringard, "les cahiers au feu la maîtresse au milieu", sans penser à mal bien sûr. Joyeux, quoi.
Il n’y eut certes aucun feu : l’arme blanche tue sans bruit. Une maman a poignardé Fabienne, l’a tuée net en ce jour d’été.
En allant au boulot le matin, bien peu sont ceux qui pensent ne pas en revenir, qu’il y a un risque. Les pompiers peut-être, les convoyeurs de fonds, les policiers. Mais les enseignants non. Non pas que l’école soit exempte de violence, le métier d’enseignant y étant même, selon une étude dont les médias se sont fait l’écho hier, particulièrement exposé. Mais ce sont le plus souvent des violences verbales, des insultes, pas des mises à mort de sang froid.
La dame qui a tué était, dit-on, déséquilibrée, bonne pour la psychiatrie. Je regrette, pour Fabienne et ses proches, qu’elle n’ait pas été diagnostiquée et traitée plus tôt. Je suis aussi de tout cœur avec les enfants, ses élèves, qui ont vu leur maîtresse s’effondrer sous leurs yeux.