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Le dernier arbre

Publié le 04 juillet 2014 par Lecteur34000

tim

« Le dernier arbre »

GAUTREAUX Tim

(Seuil)

Le type même du roman américain qui ne surprend pas, mais qui se savoure. Un roman qui s’inscrit dans les légendes dont quelques-uns des auteurs figurent parmi les plus grands noms de la littérature américaine. L’émergence d’une nation. L’histoire imaginée par Tim Gautreaux débute en 1923. Elle a pour cadre la Louisiane. Quelques-uns des personnages masculins sont des survivants de la guerre qui vient tout juste de s’achever de l’autre côté de l’Atlantique. Ils sont aussi les descendants de ceux qui participèrent aux sanglants combats qui jalonnèrent la Guerre de Sécession. Parmi eux, Byron Aldridge. Sous-shérif dans une exploitation forestière, il essaie d’oublier Verdun, la Marne, l’amoncellement des cadavres. Son père, richissime affairiste résidant à Pittsburgh, tente de le réinstaller dans le giron familial. Pour y parvenir, il achète l’exploitation forestière  et en confie la gestion à son fils cadet, Randolph. Lequel part s’installer aux confins du Mississipi, dans un univers hostile et violent.

Ce sont les différences formes de cette violence qui constituent l’ossature du roman. Celles que découvre Randolph qui n’a point connu, lui, les affres de la guerre et qui est un pur produit d’une Amérique en devenir, policée, cultivée, pacifiée. Randolph s’y confronte, s’évertue à les contenir, résiste autant qu’il le peut alors même que son aîné fait régner la loi, parmi les bûcherons, selon des modalités archaïques. Jusqu’au moment où les circonstances le contraindront à outrepasser des limites qu’il croyait infranchissables. Tout cela donne une œuvre passionnante. Dans l’évolution des relations entre les deux frères. Dans leurs tentatives divergentes de faire naître un semblant d’ordre parmi des individus qui n’ont ni foi ni loi. Dans les rapports qu’entretiennent les hommes avec une nature qui n’est, pour les plus puissants, qu’une source de profits. Une nature indisciplinée, une nature rétive, une nature hostile, mais finalement vaincue. D’où l’allégorie du dernier arbre, le dernier cyprès chauve dont le bois servira, indifféremment, à fabriquer des meubles ou des traverses pour les chemins de fer. La lutte à mort des hommes contre d’autres hommes. La lutte à mort des hommes contre le milieu naturel. La fable mérite bien plus que de l’attention.


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