En 1991, le père Gerardo vient voir à Gênes Renzo Piano dans son agence. Il est l'économe du monastère de San Giovanni Rotondo (Pouilles), un lieu de pélerinage où repose Padre Pio, un saint homme à qui l'Italie voue un culte sans bornes. Le père Gerardo explique que la chapelle ne suffit plus pour les millions de pélerins qui viennent chaque année. Il veut une grande église. Renzo Piano se montre réticent. Construire une église n'est pas vraiment dans ses priorités et son style très contemporain ne lui semble pas compatible avec un lieu religieux, attirant des foules en majorité plutôt conservatrices.
Mais le père Gerardo insiste, envoie fax sur fax, et son obstination finit par convaincre l'architecte.
Après de longues études, le chantier ne peut s'ouvrir qu'en 1995, car l'emplacement choisi se trouve sur une zone sismique. Or Piano veut de la pierre locale, plutôt que du béton, et la pierre est moins conseillée sur ce type de terrain. Il lui faudra donc répondre à un épais cahier des charges. L'édifice sera de faible hauteur, mais immense, pour accueillir 6000 fidèles à l'intérieur et 30 000 sur le parvis pour les cérémonies particulières, tout en essayant de garder un esprit intimiste en adéquation avec le caractère spirituel de l'édifice. Il opte pour une église ronde, sans cloisons, mais soutenue par des arcs croisés, formant une spirale, et habillée de verre pour laisser entrer la lumière, symbole par excellence.
Pour concevoir une iconographie capable de s'adapter à cet espace liturgique, Renzo Piano suggère aux autorités ecclésiastiques de s'adresser à des artistes de sa connaissance. Parmi eux, le sculpteur Arnaldo Pomodoro, qui a conçu la croix en bronze doré, et le peintre Roy Lichtenstein ; mais ce dernier meurt en 1997, avant d'avoir achevé sa commande. Robert Rauschenberg prend le relais.
L'église a été inaugurée en 2004.
A voir un jour !