Voici un bande-dessinée à découvrir. Jérusalem est un sujet sensible, dans tous les sens du terme. Mais c’est aussi l’une des villes les plus connues, les plus fantasmées, les plus rêvées. Ici, on propose un point de vue original, celui d’un homme un peu comme tout le monde, qui ne va pas là-bas par conviction ni par envie spéciale mais qui s’y retrouve par un hasard de la vie et décide de profiter de son séjour pour en découvrir tout ce qu’il peut, à son petit niveau, tout seul. Il est très touchant de le voir se poser à différents endroits pour faire quelques dessins, se faire déplacer par l’armée ou la sécurité, se poser à nouveau un peu plus loin ou revenir plus tard lorsque l’accès à la visite de la mosquée ou à la synagogue sera peut-être enfin ouverte.
C’est aussi un joli portrait de la vie quotidienne à Jérusalem, mois par mois: trouver une nounou, une école, un atelier ou même un parc avec des jeux pour enfants, qui soient facilement accessible au vu des difficultés à circuler certains jours avec les checkpoints interminables où il faut justifier de son identité pendant des heures. J’ai beaucoup aimé voir ces considérations très terre-à-terre, posaïque, dans le contexte si célèbre de Jérusalem.
Et surtout, ce que j’ai aimé, c’est sans jamais occulter la gravité de la situation dans cette région du monde, le ton reste bon enfant, léger, plein d’humour et de recul, ni revendicateur ni polémique, juste à hauteur d’homme, de monsieur tout le monde finalement, avec une grande proximité pour le lecteur. J’ai parfois eu l’impression de quelques longueurs dues à la forme du journal qui n’a d’autre ligne directrice que celle des mois qui passent, mais cela n’est pas très gênant, je reste sur une très bonne impression.
La note de Mélu:
Un très beau livre.
Un mot sur l’auteur: Guy Delisle (né en 1966) est un auteur de bande-dessinée québécois qui a signé plusieurs autres albums autobiographiques. Celui-ci a reçu le prix du meilleur album au festival d’Angoulême en 2012.