De mêmes signatures neurobiologiques présentes chez les personnes à risque accru de toxicomanie et chez un grand nombre de sujets ayant déjà développé la dépendance, la biologie de la toxicomanie est quasiment la même après le processus d’usage de drogue qui mène à la dépendance et avec un risque héréditaire. Cette étude passionnante, de l’Université McGill, qui décrypte la neurobiologie de l’addiction et révèle ce parallèle entre le risque de dépendance et toxicomanie, nous ramène au processus de la récompense qui contribue au développement de la dépendance et suggère de nouvelles stratégies de prévention. Eclairages dans la revue Biological Psychiatry.
Une similitude donc qui peut être anticipée chez les sujets ayant des antécédents de toxicomanie dans leur famille, un aspect qui n’avait jamais été évoqué avant cette étude. Ainsi, la recherche démontre une surreprésentation de personnes ayant lutté contre la toxicomanie dans les familles des patients dépendants. Ensuite, les auteurs évoquent des études sur l’animal qui soutiennent l’hypothèse que le processus de dépendance va modifier le cerveau d’une manière convergente vers la neurobiologie observée en cas de risque héréditaire de dépendance.
Concrètement, plus on consomme de substances addictives, plus le cerveau acquiert le profil neurobiologique du cerveau d’un sujet à risque génétique de dépendance. Parmi les caractéristiques de ce profil neurobiologique, une réduction de la libération de dopamine du striatum.
Le rôle de la dopamine : Messager chimique clé du cerveau impliqué dans les comportements liés à la récompense, les perturbations dans sa signalisation contribuent à récompenser la recherche de récompense par l’usage de drogue et à développer les habitudes de consommation. Ainsi, les personnes à risque génétique élevé de dépendance présentent la même réponse réduite de dopamine que celle observée chez les personnes toxicomanes.
Une démonstration via l’imagerie cérébrale: Le Dr Marco Leyton et ses collègues font la démonstration sur de jeunes adultes, âgés de 18 à 25 ans, usagers occasionnels avec une histoire familiale d’abus de substances à haut risque ou encore usagers mais sans antécédents familiaux et enfin sans antécédents d’usage ou facteurs de risque de dépendance. L’étude du cerveau par tomographie par émission de positons (TEP) a mesuré leur réponse de dopamine. L’analyse constate que la réponse des jeunes adultes non usagers mais avec de lourds antécédents familiaux est considérablement réduite vs les deux autres types de participants.
Il existerait ainsi un marqueur biologique héréditaire qui pourrait permettre d’identifier les personnes à risque élevé de toxicomanie, entrainant des mécanismes cérébraux communs favorisant l’usage de drogues. Mieux comprendre cette neurobiologie peut aider à mieux cibler la prévention. En particulier en cas de présence d’autres facteurs de risque.
Source: Biological Psychiatry July 1, 2014 doi: 10.1016/j.biopsych.2013.08.033 Reduced Dopamine Response to Amphetamine in Subjects at Ultra-High Risk for Addiction (Visuel NIH@Impulsive and antisocial personality traits correlate with amphetamine-induced dopamine release (red and yellow) in the brain. Image by Buckholtz et al.)