« Le sixième jour, Dieu créa le Clown, Antonet, Pipo, Bario, Paul, Albert et François Fratellini, Little Walter, Footit et Chocolat, Grock... Le septième jour, il dut se reposer tellement il riait encore» Jean-Paul Farré, Le Clown, Cinquante-cinq dialogues au carré, L'Avant-scène théâtre, 2002
J’ai toujours aimé les clowns. Je dois même dire que je suis tombée amoureuse des clowns. Depuis ma plus tendre enfance devant la piste aux étoiles, je n’attendais qu’un seul et unique numéro celui du ou des clowns. Tout le reste m’importait peu mais le clown, lui, était pour moi celui qui me permettait d’échapper au quotidien, celui qui me donnait les clés d’un monde où tout était possible et permis.
Naissance des clowns
Le clown, tels qu’on le connait maintenant, est né dans les spectacles du cirque dit moderne au milieu du XVIIIème siècle. A cette époque le cirque était en plein air, les funambules, écuyers, jongleurs et acrobates se succèdent et la tension des spectateurs est à son comble. Une des versions de la naissance du clown raconte qu’un jour un acrobate a un accident de scène ridicule qui a fait rire les spectateurs. D’autres versions racontent différents accidents pouvant être le déclencheur de la création du personnage. A partir de là, celui qu’on appelle le véritable père du cirque moderne, l’anglais Philip Astley, 1767, en a alors l’idée de faire un intermède burlesque pour faire rire les spectateurs. Simple faire-valoir des acrobates, le clown n’est qu’un personnage grotesque, balourd. C’est souvent un garçon de ferme qui est employé pour remplir ce rôle. D’ailleurs le mot « clown », s’il est emprunté à l’anglais, vient du germanique « klönne » l’homme rustique, le paysan. Par dérivation il est devenu le clod anglais signifiant le balourd. Le clown fait le lien entre les différents numéros en les caricaturant. Peu à peu il acquiert ses lettres de noblesse pour devenir un numéro indépendant d’abord solitaire, puis en duo et parfois même en trio.
Les différents types de clown.
Le duo clown blanc-Auguste représente une véritable dualité, une opposition entre le sensé et le fou, entre la raison et la déraison, l’ordre et le chaos, l’autorité et la désobéissance, l’adulte et l’enfant…
L’Auguste s’est émancipé au fil du temps et on le voit de plus en plus souvent en solo où il s’exprime davantage sous forme de sketch.
Et dans une catégorie différente, il y a le clown triste, cet être bipolaire, tragi-comique qui nous fait rire de ses malheurs ou qui cache son mal-être, son mal de vivre derrière le rire. C’est celui qui me touche peut être le plus car j’ai souvent fait parti de sa tribu.
http://www.youtube.com/v/HA6K-nsXBeA
Les clowns célèbres.
Voici quelques noms de clowns que j’ai aimé, que j’aime toujours. Il y en a bien sûr d’autres et la liste n’aura jamais de fin car il y aura toujours un clown qui sera là près de nous à nous faire rire et sourire.
http://pestoune.kazeo.com/marc-favreau--le-clown-sol,a4102782.html
La liste est loin d'être exhaustive. Je pourrais continuer à en citer des dizaines. Ce sont quelques uns des plus connus. Et dans la catégorie animée, nous avions Bozo le Clown et Kiri le clown. J'ai aussi une tendre pensée pour tous ces clowns de spectacles itinérants qui viennent faire la sortie des écoles, pour ceux qui animent goûters et soirées. Ce sont ceux qui exposent le plus leur coeur qui toucheront le plus leur public. Faire le clown, ça n'est pas surjouer le grotesque. Non c'est une façon d'être, d'offrir. Il faut infiniment plus de talent d'apporter le rire que les larmes.
Toujours plus de clowns
Aujourd’hui les clowns ont quitté le milieu du cirque pour apporter du bonheur et du réconfort là où le besoin s’en fait sentir, notamment à l’hôpital. Le clown a un véritable rôle pédagogique dans la société. Qu’il soit de théâtre, de rue, de cirque ou associatif, c’est par son intermédiaire que petits et grands perçoivent un message. Avec ou sans son nez rouge, avec ou sans maquillage, il reste le symbole de l’enfance pour la majorité d’entre nous. Synonyme de tendresse, de malice, de réconfort il s’immisce dans le cœur des gens, est un personnage familier et ainsi touche en faisant mouche lorsqu’il transmet un sujet de réflexion. Il est complètement interculturel. A l’instar du bouffon du roi, il peut se permettre toutes les transgressions, toutes les critiques, abattre tous les stéréotypes, on lui pardonnera toujours, après tout ça n’est qu’un clown. Au fond ne serait-ce pas le fondement de la liberté ? En gardant sa liberté d’expression, d’action, sa vitalité et surtout en évitant de tomber dans une banalité, le clown est le meilleur des porte-paroles, le meilleur des médicaments, le meilleur réconfort qui soit.
Mais qui fait le clown ? Le personnage lui-même ou notre regard ? Il y a une magie dans ce partage qu’il nous offre. Partage des regards qui se croisent, regards complices, poétiques, regards qui nous révèlent à nous-mêmes, il est le miroir de nos ego, de nos existences… partage d’une humanité en nous offrant des émotions.
Le clown et l’art.
Le clown a inspiré quelques peintres et sculpteurs. Voici quelques-unes de leurs œuvres.
La peur du clown
Le clown fait parfois peur aussi. La littérature a donné quelque fois une image inquiétante, horrible voire maléfique de lui par exemple ça de Stefan King. Certaines personnes ont développé une véritable phobie des clowns. On appelle ça : la coulrophobie.
Des associations comme le rire-médecin ou clowns sans frontière devraient pouvoir rassurer ces gens. Bien sûr difficile d’être maître d’une phobie.
Conclusion
J’ai encore et toujours plaisir à voir les clowns. Le clown aujourd’hui a une approche différente du burlesque, il joue davantage avec son corps, c’est un art d’expression corporelle dans un univers savamment mis en scène avec parfois l’utilisation de l’interactivité. Mais surtout, le clown solitaire se fait plus rare. Aujourd’hui nous trouvons de plus en plus fréquemment des groupes de clowns. L’Auguste, lui, écume les festivals où il continue à donner pleine mesure à son talent.
La vraie nouveauté est l’apparition de plus en plus de clowns femmes. Hormis Anne Fratellini, il y eut bien peu de clowns féminins.