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10 faits à retenir de #VisitezleMAHJ

Publié le 04 juillet 2014 par Jebeurrematartine @jbmtleblog
© MAHJ / Je beurre ma tartine

© MAHJ / Je beurre ma tartine

Le 24 juin, un mois jour pour jour après l’attentat ayant fait quatre morts au Musée Juif de Bruxelles, plusieurs blogueurs et « twitteurs » du domaine culturel se sont réunis au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme parisien sous l’égide de Bernard Hasquenoph, fondateur du site Louvre pour Tous.

© MAHJ / Je beurre ma tartine

© MAHJ / Je beurre ma tartine

Le but de l’opération ? Attirer les visiteurs dans ce lieu culturel unique qu’il nous faut connaître, partager et partager. Marqués d’un #VisitezleMAHJ, de nombreux messages ont été publiés au fur et à mesure de la visite que nous a prodiguée avec passion l’une conservatrice du musée, Anne-Hélène Hoog. Mais alors, qu’avons-nous retenu de ce parcours au sein du MAHJ ?

1. L’Hôtel de Saint-Aignan, un hôtel particulier du XVIIe siècle

Mur renard © MAHJ / Je beurre ma tartine

Mur renard © MAHJ / Je beurre ma tartine

Tout d’abord, il faut savoir que le musée prend place au sein de l’hôtel de Saint-Aignan, un hôtel particulier édifié entre 1644 et 1650 pour Claude de Mesmes, comte d’Avaux. Magistrat, il intervient notamment lors des négociations du traité de Westphalie en 1648, et fait construire cette résidence au sein du quartier alors très couru du Marais.

Pour rappel, on parle d’hôtel particulier quand il s’agit d’un bâtiment destiné à une unité familiale réduite, disposant d’un service de train (écuries) et d’un service de bouche. Il est généralement situé entre cour et jardin, comme c’est le cas ici, mais on peut également trouver des « hôtels de devant », donnant directement sur la cour (par exemple l’hôtel de Beauvais).

Restes des fresques de l'hôtel particulier © MAHJ / Je beurre ma tartine

Restes des fresques de l’hôtel particulier © MAHJ / Je beurre ma tartine

Comme à l’hôtel de Sully, la parcelle de terrain sur laquelle s’élève l’édifice est irrégulière. Pour pallier ce déséquilibre, les architectes ont eu recours dans les deux cas à un « mur renard », un mur imitant un véritable corps de bâtiment : ainsi, alors qu’il n’y a pas la place d’ajouter une deuxième aile en symétrie de la première, on se sert d’un trompe-l’œil.

Lorsque le duc de Saint-Aignan rachète l’hôtel en 1688, il demande au fameux André le Nôtre d’en retravailler les jardins, devenus depuis le Jardin Anne Franck.


2. L’hôtel pendant la Seconde Guerre Mondiale

Louvre pour tous © MAHJ / Je beurre ma tartine

Louvre pour tous devant les noms des déportés © MAHJ / Je beurre ma tartine

L’hôtel de Saint-Aignan est historiquement lié au judaïsme. Devenu un immeuble de rapport au milieu du XIXe siècle (c’est-à-dire un immeuble dont les appartements sont destinés à la location), il abrite de nombreux artisans juifs émigrés d’Europe de l’est qui subiront de plein fouet les rafles nazies en 1942. Treize occupants du bâtiment périront dans les camps de concentration, ce que rappelle l’œuvre de Christian Boltanski sur l’un des murs de l’hôtel de Saint-Aignan ainsi que la section du musée intitulée « être juif à Paris en 1939 », à la muséographie particulièrement originale et marquante.


3. Etre juif en France au Moyen-Age

Stèles médiévales prêtées par le musée de Cluny © MAHJ / Je beurre ma tartine

Stèles médiévales prêtées par le musée de Cluny © MAHJ / Je beurre ma tartine

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Judaïsme était répandu en France à la période médiévale, jusqu’à ce que les édits promulgués en 1306 et 1394 ne les obligent – violemment – à quitter le territoire. Ce n’est qu’en 1790 qu’un décret royal accorde la citoyenneté aux Juifs, permettant ainsi de limiter leur marginalisation.


4. Le syncrétisme comme base pour l’art

Rituel de prières (siddour), commande du baron Edmond de Rothschild pour sa mère © MAHJ / Je beurre ma tartine

Rituel de prières (siddour), commande du baron Edmond de Rothschild pour sa mère © MAHJ / Je beurre ma tartine

S’il fallait choisir un terme pour définir l’art des judaïca, ce serait sans hésiter le syncrétisme : la diaspora juive compose avec la culture locale. Les chandeliers de Hanouka marocains témoignent de la forte influence des arts de l’Islam, tandis que dans le monde asiatique les ornements de bâton de Torah prennent la forme de pagode. Et c’est certainement là que réside toute la force des arts du Judaïsme : ils font preuve d’une grande diversité esthétique, mais toujours au service d’une même pensée.


5. L’absence de figure humaine, un choix délibéré et non pas un interdit

J-B Woloch © MAHJ / Je beurre ma tartine

J-B Woloch © MAHJ / Je beurre ma tartine

Comme l’explique Anne-Hélène Hoog, l’absence de figure humaine dans l’art du Judaïsme ne résulte pas d’un interdit strict. Seulement, plutôt que de chercher à représenter une idole ou une image à adorer, on préfère glorifier la parole de Dieu ou illustrer la beauté du monde dans les synagogues. La conservatrice conseille d’ailleurs la lecture de Régis Debray, Vie et mort de l’image. Une histoire du regard en Occident (1992) en lien avec la question.


6. La sculpture de Dreyfus par Tim

Le Capitaine Dreyfus par Tim © MAHJ / Je beurre ma tartine

Le Capitaine Dreyfus par Tim © MAHJ / Je beurre ma tartine

Dans la cour du musée, une sculpture monumentale nous accueille, fièrement dressée. Il s’agit d’Hommage au capitaine Dreyfus, une copie en résine de l’œuvre de Tim (Louis Mitelberg) installée dans le square Pierre-Lafue. Le capitaine, sombre mais non abattu, nous présente l’objet de son outrage : son sabre brisé. A ses pieds, sur le cartel, on trouve cette inscription : « Si tu veux que je vive, fais-moi rendre mon honneur ». Cette effigie annonce le fonds Dreyfus qu’héberge le musée, comprenant notamment les galons du grand militaire.

La sookah, cabane pour la fête des Tabernacles

10 faits à retenir de #VisitezleMAHJ
10 faits à retenir de #VisitezleMAHJ

Le MAHJ présente une superbe sookah aux parois peintes, provenant du sud de l’Allemagne et datée de la fin du XIXe siècle. Exceptionnellement, nous avons pu nous rendre à l’intérieur pour admirer l’ensemble de ses décors très aboutis, composés de motifs floraux et de vues topographiques. On construit les sookah, cabanes de bois à toit de palmes, dans le cadre de la fête des Tabernacles qui a lieu chaque année à l’automne et dure sept jours. On y prend les repas du soir, et l’on peut également y dormir ; certaines se destinent à une famille nucléaire, d’autres plus conséquentes à une petite communauté.

8. La hanoukkia, le chandelier de Hanouka

© MAHJ / Je beurre ma tartine

© MAHJ / Je beurre ma tartine

Le chandelier de Hanouka, la fête des lumières, est constitué de huit branches alignées et d’une neuvième (shamash) qui s’en distingue clairement. Les formes de hanoukkia évoluent selon leurs lieu et époque de production : parfois très modernes aux lignes épurées, elles peuvent témoigner des influences de l’art local. A savoir, on trouve beaucoup de chandeliers composés non pas de branches mais de lampes à huile, ce qui se rapproche plus de la tradition rapportée par le Talmud. Il s’agit là de commémorer la libération du Temple de Jérusalem après la victoire des Maccabées sur les Séleucides en 167 avant J.-C.

9. Les ketoubbah, contrats de mariage

10 faits à retenir de #VisitezleMAHJ
10 faits à retenir de #VisitezleMAHJ

Les ketoubbah, contrats de mariage juifs lus à voix haute lors de la cérémonie, jouent souvent le rôle de « légitimation » pour le couple et leurs enfants, attestant de leur judéité. Le MAHJ en possède de nombreux exemplaires, souvent très finement enluminés : avec signes du zodiaque pour celui réalisé en Italie en 1752, poissons et oiseaux flamboyant pour celui provenant de Singapour.

10. La philanthropie, devoir du Judaïsme

© MAHJ / Je beurre ma tartine

© MAHJ / Je beurre ma tartine

La philanthropie, le fait de vouloir faire le bien au service des autres, fait partie des fondements de la religion juive. A partir de la fin du XIXe siècle, ce devoir s’étend à l’ensemble de la communauté : ce sont les premiers dons des grandes familles juives, comme les Rothschild et les Camondo, qui forment aujourd’hui les bases des collections les plus réputées – par exemple celles du musée du Louvre.

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Un immense merci à Bernard pour cette initiative, à l’ensemble du personnel du musée qui nous a si gentiment accueillis et à tous les participants. « Visitez le MAHJ » n’avait rien d’une opération commerciale ou menée dans un quelconque but de promotion, et aucun d’entre nous n’en retire d’autres avantages qu’un moment passé en soutien aux communautés durement touchées par les récents évènements. Mais, loin de vouloir jouer la carte du misérabilisme, la visite nous a permis de découvrir ce lieu unique et tous les trésors qu’il renferme, témoins d’une culture extraordinaire et encore trop peu reconnue.

Retrouvez le Storify des tweets #VisitezleMAH réalisé par Jean-Baptiste Woloch ici, et les compte-rendus de cette opération sur Point Culture et Paris sur un fil.  Plus d’informations : http://mahj.org/fr/index.php


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