Il y a 200 ans : Quand les Russes occupaient Paris

Publié le 04 juillet 2014 par Vindex @BloggActualite

-Entrée des Russes à Paris en 1814-


En ces temps de relations troublées avec la Russie et de commémoration du centenaire de la Grande Guerre de 14-18, je voulais revenir sur un événement dont personne ne parle aujourd’hui mais dont nous fêtons cette année et l’année prochaine les deux cent ans : la chute de Napoléon.Les cartes, redessinées après la chute de l’Aigle, donne naissance à l’Europe qui connut l’affrontement de la Première Guerre mondiale.Je voudrais revenir dans cet article sur un événement majeur de l’époque, l’occupation de Paris par les Russes au printemps 1814 et la première abdication de Napoléon Ier. 

En finir avec Napoléon


En 1812, la Grande Armée de Napoléon occupe Moscou en cendre et la pille. Le manque de vivres à cause de la politique de la terre brûlée pratiquée par les russes, l’arrivée de l’hiver (le « Général Hiver » comme il fut surnommé à cause des nombreux morts qu’il causa) s’étant abattu sur la ville et le refus des Russes d’affronter les Français, décidèrent Napoléon à rentrer à Paris. La  Campagne de Russie fut une catastrophe pour l’Empereur puisque seuls 30 000 hommes sur les 600 000 du départ parvinrent à Paris. Le reste étant mort dans les batailles ou ayant succombé au froid, à la faim, d’autres furent fait prisonniers par les Russes ou désertèrent lors de la retraite.Cette campagne affaiblit considérablement la France. L’empereur Alexandre Ier, le tsar de Russie réfugié à Saint-Pétersbourg, décidé à venger l’affront de Moscou, fut convaincu que pour rétablir la paix en Europe, il devait mettre fin au règne de Napoléon. Il déclara même à la fin de 1812, « Si on veut une paix solide et sûre, alors il faut la signer à Paris ; cela j’en suis profondément convaincu (1)».

La campagne de France


A partir de 1813, les puissances européennes hostiles à Napoléon, s’allièrent et marchèrent vers la France. La Coalition regroupait principalement les Russes, les Anglais, des princes allemands dont les Prussiens, les Autrichiens. Leur avancée progressive les amena fin décembre 1813 aux frontières de l’Empire. Trois armées coalisées pénétrèrent alors en France secondées par une autre, formée par les Anglais notamment, au sud du pays. Malgré quelques victoires dans l’est, à l’hiver et au printemps 1814, Napoléon dû reculer puis à l’issue d’une  bataille le 30 mars, Paris capitula le lendemain. Napoléon se réfugia à Fontainebleau  et Alexandre Ier fit son entrée dans Paris. Le 6 avril Napoléon abdiqua sous la pression du Sénat et le 20, il partit pour l’Ile d’Elbe que lui concédaient les Anglais.

De la peur des Russes à l’Alexandromanie


En mars 1814, la peur s’empara des Parisiens. Les troupes russes se rapprochaient et ils craignaient la vengeance de ces dernières. De plus, les rumeurs les plus folles couraient sur les cosaques du tsar (des guerriers à cheval formant une partie des troupes impériales) les décrivant comme des « croqueurs d’enfants » et des « bouffeurs de chandelles ». Ces régiments avaient fait régner la terreur dans les campagnes occupées.Pourtant, à l’arrivée des troupes russes, cette terreur disparut rapidement. Alexandre Ier n’avait pas l’intention de piller Paris. Une partie des troupes s’installa donc sur des grandes avenues comme les Champs-Elysées ou le Champs-de-Mars qui devinrent des lieux de promenade pour les Parisiens. Afin de ne pas laisser une image négative de ses troupes, Alexandre Ier n’avait fait entrer dans la ville que les régiments les plus nobles comme les grenadiers ou la garde impériale. Il leur ordonna d’adopter une conduite irréprochable. Toutefois, les réquisitions pour les armées coalisées occupantes (les Autrichiens et les Prussiens logent également dans la ville)  et le logement des officiers chez l’habitant amenèrent parfois des tensions. Par exemple, les Parisiens se plaignaient des arbres coupés et des parquets arrachés par les régiments cosaques pour nourrir les feux des cuisines en plein air. Toute une administration fut mise en place afin de contrôler toute cette logistique jusqu’au 2 juin et le départ des Russes. Mais dans l’ensemble, les Parisiens acceptèrent les Russes et furent même étonnés par leur maîtrise du français et par leur uniforme. En effet, ils les prenaient pour des Barbares assoiffés de sang. L’objectif du tsar était de diffuser l’image d’un souverain d’un empire civilisé. Il voulait montrer que la Russie faisait partie de l’Europe. On peut dire que ce fut une réussite car les préjugés sur la Russie furent dissipés grâce à l’attitude des troupes et aussi grâce à celle de l’empereur russe. En effet, Alexandre Ier, quant à lui, régla d’abord les affaires politiques, obtenant le retour des Bourbons avec Louis XVIII, choix par défaut puisqu’il les considérait comme « rétrogrades et étroits d’esprit ».  Il reçut également des dizaines de particuliers cherchant ses faveurs et en profita pour flatter son orgueil. De plus, il visita la ville de Paris (l’opéra, les collections du Louvre, …) et le château de Versailles. Il alla même jusqu’à rencontrer Joséphine de Beauharnais, la première femme de Napoléon qui mourut d’ailleurs quelques jours plus tard.Alexandre Ier parvint donc à rendre plus européen son pays et à donner une meilleure image de ses habitants. Toutefois, le revers de la médaille pour l’empereur et ses successeurs fut que les jeunes officiers russes, imprégnés des idées libérales circulant alors en France, les ramenèrent chez eux. Ces pensées aboutirent dans un premier temps à un complot contre l’empire dans les années 1820, puis à la montée des idées libérales en Russie tout au long du XIXe siècle.
Sources principales :-   « Les Russes sont à Paris !», Marie-Pierre NEY, L’Histoire, n°401 de juillet-août 2014, p. 10-18.
-   -Wikipédia sur la campagne de Russie.Flo