TAOS AMROUCHE, la Kabylie et les paroxysmes

Dans son livre « l’Amant imaginaire » Taos AMROUCHE nous gratifie de cette phrase qui résume tout le mal être et le tourment perpétuel pas spécialement de la femme Kabyle mais de tous les Kabyles.

« Curieuse nature que la mienne : où le commun des mortels éprouve un paroxysme, en amour, je n’éprouve, moi, qu’un bonheur calme. C’est que ma vie courante est faite de paroxysmes, quand celle des autres est faite surtout de monotonie. »

Laurence Bourdil, la fille de Taos Amrouche parle ainsi de sa mère :

« Il y avait une grande différence entre cette sorte de prêtresse, telle qu'elle est apparue par exemple sur la scène du théâtre de la ville, surgie comme de la nuit des temps, qu'André Breton qualifiait de "reine Néfertiti dans une autre existence", entre cette petite bonne femme gigantesque, juchée sur des talons dorés, des chaussures de star (elle mesurait seulement 1m58), cette espèce de reine atlante et puis la mère que j'avais à la maison. »

Nous ressentons tous, hommes et femmes Kabyles à des degrés différents et selon les circonstances cet accablement lié aux épreuves que nous endurons dans notre vie, dans notre organisation sociale. Car toute notre vie n’est que résistance, endurance.

Ce questionnement perpétuel relativement à notre existence même en tant qu’entité berbère Amazigh distincte augmenté des difficultés de communication et d’entente mutuelles, nous montre qu’il nous faut des paroxysmes comme ceux dont parle Taos AMROUCHE pour qu’enfin nous réagissions… et encore !

Nous vivons avec des paroxysmes; les extrémismes, dont celui-là religieux, nous les côtoyons tous les jours et plus rien ne nous étonne. Nous sommes devenus inconscients, insensibles et parfois amblyopes, jusqu’à tolérer ou applaudir à cet autre extrémisme, le chloroforme oriental qui nous embaume et tue inexorablement les derniers vestiges de notre civilisation Amazigh millénaire.

Il est des personnes uniques, exceptionnelles, c’est le cas de TAOS AMROUCHE, visionnaire dont nous, les siens, ne voulons pas comprendre le message !

ABDELMADJID ADOUR